P&O - Stena Lines - Des requins dans la Manche07/06/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/06/une1767.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

P&O - Stena Lines - Des requins dans la Manche

La compagnie maritime P&O-Stena Lines a pour projet de fermer ses lignes de ferries transmanche au départ de Zeebrugge. Depuis quinze ans, cette compagnie a fermé, rien que sur le transmanche, ses lignes ferries au départ de Boulogne et de Dieppe. Au passage, à chaque fois, des salariés ont été licenciés et des ports ont vu leur activité réduite. En fait, P&O a pour but de s'assurer une position de monopole sur le marché très juteux du transport transmanche. Cette compagnie veut recentrer tout le transport maritime entre le continent et l'Angleterre sur le port de Calais, où elle assure 80 % du trafic.

Les résultats sont éloquents : 25,3 millions de livres de profits en 2001, soit 10 % d'augmentation par rapport à 2000 et un retour de 15 % sur le capital investi. Mais ce n'est pas suffisant : le capital est assoiffé de profit, et P&O veut fermer les lignes au départ de Zeebrugge, qui sont, paraît-il, déficitaires. Cela signifie de nouveau des licenciements et une perte d'activité pour toute une région. Mais cela n'entre pas en compte dans les calculs de la compagnie. Au contraire : depuis des années elle se sert de sa position de quasi-monopole pour augmenter les tarifs. Le trafic baisse, mais comme les tarifs pratiqués sont plus élevés, les profits explosent. Et la fermeture des lignes de Zeebrugge va encore accentuer le phénomène.

Voilà une vraie leçon de choses sur la nocivité du capitalisme : la compagnie mène une guerre féroce pour éliminer ses concurrents ; la concurrence mène au monopole ; la compagnie concentre ses activités et profite de sa position pour augmenter ses tarifs, quitte à pénaliser les échanges entre l'Angleterre et le continent. Bilan : des salariés licenciés, des ports qui se vident, des transports routiers qui se concentrent sur Calais, avec tous les risques d'engorgement, d'accidents et de pollution, supportés par la collectivité, que cela implique.

Décidément, le transport est une chose trop sérieuse pour être laissée aux capitalistes.

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