Marseille : Une école ou un chantier ?07/06/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/06/une1767.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Marseille : Une école ou un chantier ?

Vendredi 31 mai, les enseignants de l'école Vincent-Leblanc, dans le quartier de La Joliette à Marseille, se sont mis en grève. Ils l'étaient encore mardi 4 juin. Et avec les parents ils sont allés manifester devant l'Hôtel de Ville, car, comme ils disent " les élèves ont quitté une école qui côtoyait un chantier pour une école " en chantier " ".

En effet la mairie, comme les autres collectivités publiques, finance le projet " Euroméditerrannée ", de créer un vaste centre d'affaires autour du Port. Des pâtés de maisons sont démolis. Des immeubles de bureaux luxueux aux allures de buildings poussent comme des champignons. Et tous ces chantiers s'activent sans aucun égard pour les habitants des quartiers.

C'est ainsi qu'un vaste chantier de construction d'immeubles de bureaux s'est développé juste à côté de l'école Vincent-Leblanc, en pleine période scolaire.

Début décembre, le personnel et les parents se mobilisaient contre ce chantier qui jouxte les écoles. La grande grue de ce chantier se déplaçait au-dessus de la cour où jouaient les enfants ! Sous leur pression, le chantier était provisoirement arrêté et la mairie leur promettait des préfabriqués de " qualité " pour la rentrée de Pâques, dans lesquels les trois cents enfants seraient " confortablement " installés pour les trois années que durerait le chantier. Des bus viendraient chercher les enfants à proximité de leur ancienne école pour les amener aux nouveaux locaux, la cantine serait gratuite, bref en paroles tout était mis en oeuvre pour plaire aux parents et au personnel.

Depuis le 21 mai, date à laquelle enfants et enseignants se sont installés dans les préfabriqués, la réalité s'avère tout autre. Les travaux ne sont pas finis. Il manque un préau au-dessus de la cour de récréation pour protéger les enfants de la pluie et surtout de la chute d'objets des immeubles voisins. La climatisation promise n'est pas installée et il fait déjà 30° C dans les salles de classes alors qu'il est impossible d'ouvrir les fenêtres qui donnent sur une rue à forte circulation. Sans parler du problème des six bus qui ramassent les enfants dans la pagaille de la circulation marseillaise et les déposent dans cette rue sans qu'aucun aménagement routier n'ait été prévu.

Du coup, le personnel s'est remis en grève, les parents en colère se sont réunis en assemblée générale alors que l'adjointe du maire de Marseille Gaudin, responsable des écoles et qui a monté toute l'affaire, est injoignable. Elle a toutefois déclaré dans la presse que tout cela était des petits " bobos techniques ", que les parents avaient forcé la mairie à dépenser déjà 2 896 000 euros et qu'on n'allait pas " dépenser encore 762 000 euros pour climatiser les classes ".

Les enfants de ce quartier pauvre, qui connaissent déjà des difficultés à l'école, ont perdu près de deux mois de leur année scolaire. Et les parents qui se font du souci pour la fin de l'année, et aussi pour l'année suivante, se battent pour leur assurer une école décente.

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