Licenciements : Ça continue de plus belle !07/06/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/06/une1767.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Licenciements : Ça continue de plus belle !

Les chiffres du chômage auraient baissé de 10 400 personnes en avril, soit moins 0,5 % par rapport à mars. Ce sont les statistiques qui le disent. Mais le nombre de chômeurs réel, lui, n'a pas forcément baissé pour autant. Car ces chiffres, comme à l'habitude, ne tiennent pas compte de tous les travailleurs qui ne retrouvent qu'un emploi précaire, en intérim, ni de celles et ceux qui ne trouvent qu'un emploi à temps partiel imposé, par exemple. Mais même si le chômage n'augmentait pas, il atteint de toute façon un niveau catastrophique, avec 2, 2 millions de personnes dans ce pays qui n'ont pas de travail, dont 40 % qui ne sont pas indemnisées par les Assedic, comme le rappelaient les associations de chômeurs qui ont manifesté samedi 1er juin, à Paris.

Mais ceux qui font partie du monde du travail savent que le chômage s'aggrave. Le nombre des licenciements économiques a progressé de 65 % en un an. Les notifications de plans dits " sociaux " au ministère de l'Emploi sont passées, entre novembre et février, de 262 à 446, deux fois plus qu'il y a un an ! Et on ne compte pas les licenciements dans les plus petites entreprises. On ne compte pas les licenciements sous n'importe quel prétexte, absence pour maladie, retard. Un patron peut aussi bien licencier un travailleur handicapé, alors même qu'il doit son handicap à un accident du travail. Et puis il y a les licenciements d'intérimaires qui sont " remerciés " du jour au lendemain, que les patrons ne préviennent parfois que quelques minutes avant de mettre fin à leur contrat.

Des villes et des régions entières sont menacées de devenir de véritables friches industrielles et humaines. A Fécamp, par exemple, 700 emplois sont menacés dans trois grandes entreprises de la ville dont les pêcheries, soit le tiers des emplois industriels. A Soissons, là encore, 700 emplois sont menacés dans quatre entreprises. Cette ville avait déjà été touchée par les licenciements chez Wolber-Michelin, où 450 salariés de cette usine avaient perdu leur emploi à la suite de la fermeture. En Picardie toujours, à Amiens, Whirlpool, le n° 1 de l'électro-ménager mondial, va supprimer 360 emplois. Dans bien d'autres régions, c'est la même chose, de l'ouest du pays avec les licenciements chez Moulinex, ou encore avec les 1 142 licenciements chez Philips au Mans, les 1 300 licenciements chez Alcatel à Brest et Quimper, à l'est comme en Alsace, avec les licenciements, par exemple, dans le textile, qui n'emploie que 8000 personnes aujourd'hui, contre 12 000 il y a dix ans.

La plupart de ces entreprises font des bénéfices. Elles ont souvent empoché des subventions de l'Etat, de la région, ou de diverses collectivités locales, comme à Whirlpool à Amiens ou d'Alsavet dans le Bas-Rhin, où 307 emplois sont menacés, tandis que le patron a reçu de l'Etat près de 2 millions d'euros d'aides diverses. Les exemples ne manquent pas.

Comme on peut voir, le mot d'ordre d'interdiction des licenciements collectifs et des délocalisations n'a rien perdu de son actualité. Pas plus que la revendication qui exige des patrons licencieurs qu'ils restituent à l'Etat et aux collectivités les subventions qu'ils ont touchées.

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