Le PS n'a rien à dire au monde du travail07/06/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/06/une1767.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Le PS n'a rien à dire au monde du travail

On dit, sans rire, que le PS aurait gauchi son langage, à l'approche du premier tour des élections législatives. En supposant que ce soit le cas, ce ne serait qu'un pitoyable aveu montrant que les discours électoraux des dirigeants du PS sont conçus en fonction de ce qui, selon leurs conseillers en communication, peut séduire les électeurs. Tout comme ils conseillent le choix d'une cravate ou la couleur de la chemise qui passe le mieux à l'écran.

Mauroy n'avait-il pas reproché à Jospin, avant le premier tour de l'élection présidentielle, de ne pas avoir introduit le mot " ouvrier " dans ses interventions, ajoutant , paraît-il, " que ce n'était quand même pas un gros mot ! ". Désormais le PS parle donc un peu plus des travailleurs. De ces " laissés-pour-compte " que les pontes du PS avaient perdus de vue. Il est vrai que la droite ne se prive pas non plus de parler de " la France d'en bas ". Du coup les chroniqueurs en font des pages sur ce monde du travail qu'on avait oublié ou même que certains considéraient comme une espèce en voie de disparition.

Mais en réalité, pas grand- chose ne change, même au niveau des discours. Tout le monde se penche, plus par calcul que par conviction, sur " cette France qui souffre ". Les dirigeants du PS font comme tout le monde. Ils introduisent désormais quelques phrases de commisération, mais en fait ils continuent à jouer au jeu des petites phrases. Ainsi Fabius a fait son tour de piste au Cirque d'hiver à Paris, ironisant sur l'UMP (le sigle du nouveau parti chiraquien - Union pour la Majorité Présidentielle), qu'il a lu à l'envers. C'est le PMU a-t-il dit, sauf " qu'au PMU, on gagne parfois, avec l'UMP jamais ". Dans le cadre du même cirque, il a reproché à Chirac de ne pas tenir compte des voix de gauche qui avaient contribué à l'élire. Quel fourbe, quel ingrat qui, homme de droite, fait la politique de la droite !

Au-delà de cet étalage de jeux de mots, le PS ne promet rien. Il se cantonne dans le reproche au gouvernement de ne pas s'engager à donner un coup de pouce au Smic.

Quant aux autres questions, concernant le sort de la population laborieuse, c'est le silence radio le plus complet du côté de la direction du PS. Pourtant le chômage est toujours là, aussi massif. Les vagues de licenciements n'ont pas cessé. L'annonce de nouveaux plans dits sociaux est quasi quotidienne. Le PS pourrait sans doute trouver là l'opportunité de " gauchir " son discours sans même courir grand risque de devoir mettre ses promesses en application.

Les anciens ministres de Jospin se bornent à expliquer que le gouvernement Raffarin ne fait que copier ce qu'ils avaient mis en place ou qu'ils s'apprêtaient à faire. Ainsi Vaillant reproche-t-il à Sarkozy de reprendre ce qu'il avait en projet. Ségolène Royal reprend le discours de la droite réactionnaire reprochant aux parents de ne pas avoir su prendre en charge l'éducation de leurs enfants.

Raffarin ferait donc du Jospin, sans le dire. On ne peut mieux dire que la droite et cette gauche-là n'ont guère de différence. Même dans le verbiage.

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