Elections : Des fortunes pour les uns, des miettes pour les autres07/06/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/06/une1767.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Elections : Des fortunes pour les uns, des miettes pour les autres

Beaucoup de commentateurs de la presse ont expliqué le nombre accru de candidatures aux élections législatives (plus de 8000 au total) par les subventions que les formations politiques recevraient proportionnellement au nombre de voix recueillies. Et tout le monde d'insister sur le fait que chaque voix rapporterait 1,6 euro par an.

Ce que les commentateurs oublient de préciser, c'est qu'il faut être un groupe politique qui se présente dans au moins cinquante circonscriptions pour commencer à avoir droit à une telle subvention.

Or cinquante circonscriptions, ce n'est pas aussi évident, ne serait-ce qu'en frais de campagne et, de fait, une grande partie des candidats sont des non-inscrits, c'est-à- dire non rattachés à une organisation politique et, par définition, ils ne se présentent pas dans cinquante circonscriptions mais dans une seule.

Ceux qui se présentent ainsi n'ont donc pas droit à la subvention et cela ne peut donc être leur motivation.

Par contre, les grands partis, eux, vont recevoir de l'Etat chaque année non seulement 1,6 euro par voix, mais la somme assez coquette de 45 939 euros par an et par député, soit 301 340 F par élu et par an. Les 577 élus de l'Assemblée nationale rapporteront bien plus à leur parti que les 8000 candidats ne pourront rapporter au leur. D'autant plus que les grands cumulent les deux subventions. Et cela sans compter le gros salaire du député lui-même.

La loi a été faite pour " moraliser ", nous a-t-on dit, le financement des partis. Car les grands partis n'arrivaient pas à financer leur campagne sans des aides d'entreprises diverses, de sponsors qui, la plupart du temps, avaient d'ailleurs tout à y gagner. Quand une compagnie des eaux aidait à l'élection du maire d'une grande ville, elle n'y perdait pas. Si le maire était député, c'était encore mieux et, pour la compagnie des eaux, c'était en général un contrat de 25 ans, que les consommateurs avaient à payer.

Mais les petits partis, et encore moins les candidats individuels, n'ont pas le pouvoir - même s'ils étaient corruptibles - d'accorder des largesses aux capitalistes, grands et petits, que ce soit pour un contrat sur les eaux, la construction d'un lycée ou même d'une maternelle.

Alors, pour la presse c'est, en choeur, haro sur le baudet.

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