41 ans après l'assassinat de Lumumba : Les " excuses " hypocrites de la Belgique07/06/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/06/une1767.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

41 ans après l'assassinat de Lumumba : Les " excuses " hypocrites de la Belgique

Le ministre belge des Affaires étrangères a présenté, en février dernier, ses " excuses " et ses " profonds et sincères regrets " au peuple congolais pour le rôle de son pays dans l'assassinat du leader nationaliste Patrice Lumumba, le 17 janvier 1961. Voilà des " excuses " bien tardives, pour cette ancienne puissance coloniale qui a pillé les richesses du Congo pendant des décennies, déporté et massacré ses habitants, et enfin assassiné l'un de ses principaux leaders lors de l'accession du pays à l'indépendance.

Ces " excuses " ne manquent pas d'hypocrisie : la Belgique reconnaît sa " responsabilité morale ", mais réfute toute implication dans l'assassinat du leader indépendantiste congolais. Telles sont en substance les conclusions de la commission d'enquête sur la mort de Lumumba. Cette commission avait été mise en place par le gouvernement belge à la suite du scandale suscité par la publication du livre de l'historien Ludo de Witte, L'assassinat de Lumumba, mettant directement en cause le gouvernement et la monarchie belges dans l'élimination de celui qui était alors le Premier ministre du Congo nouvellement indépendant.

Loin de faire toute la lumière sur le passé colonial et le rôle du gouvernement belge lors de l'indépendance du Congo, la commission d'enquête a tenté de limiter les dégâts en interprétant les documents officiels de l'époque mettant en cause le pouvoir, et notamment le roi Baudoin et son ministre des Affaires africaines, d'Aspremont Lynden. A l'époque, ces deux hautes personnalités de l'Etat belge avaient clairement déclaré et publié qu'elles souhaitaient " l'élimination définitive " de Lumumba. Aujourd'hui, la commission interprète cette " élimination " comme une simple mise à l'écart de la vie politique du leader congolais, et non comme un appel à son " élimination physique ", comme l'écrit l'historien belge.

Les arguties de la commission sont pitoyables et surtout ne peuvent masquer une vérité connue depuis fort longtemps. Voyant son pré carré lui échapper au moment de l'indépendance, la Belgique fit tout pour enrayer et contrôler le processus indépendantiste, jusqu'à fomenter une sécession dans une province du Congo. Le pantin du pouvoir colonial, Moïse Tshombé (on sait aujourd'hui grâce aux archives qu'il était en liaison téléphonique directe avec le roi Baudoin), proclama en effet la sécession du Katanga, région du pays la plus riche en minerais. Face à la résistance du peuple congolais, la Belgique fit arrêter, emprisonner et torturer Patrice Lumumba, avant de le livrer à son pire ennemi, Moïse Tshombé, qui l'assassina. Le pouvoir belge était directement impliqué dans l'affaire, au plus haut niveau, de même que la CIA qui, par la suite, hissa au pouvoir Mobutu, futur dictateur du pays.

Aujourd'hui, le gouvernement belge voudrait se donner bonne conscience à bon compte en finançant une " fondation Lumumba ", alors que les classes possédantes de l'Etat impérialiste belge ont, pendant un peu moins d'un siècle, colonisé et pillé le pays et martyrisé le peuple congolais.

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