Le programme électoral du Parti Socialiste : La vérité, si je mens24/05/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/05/une1765.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Elections

Le programme électoral du Parti Socialiste : La vérité, si je mens

Le Parti Socialiste en campagne ne s'avance pas beaucoup et est bien chiche en engagements. On peut en juger par le programme qu'il vient de publier pour les élections législatives du 9 juin.

L'emploi ? Il n'y pas de petits mensonges

Le Parti Socialiste prétend mettre en oeuvre « dix mesures » pour qu'il y ait « 900 000 chômeurs de moins d'ici 5 ans ». Et d'ajouter: « Chacun a droit à un bon emploi et à bénéficier de la dignité au travail. Pour cela il faut être dur avec la précarité, renforcer la lutte contre les licenciements abusifs, protéger les salariés contre les licenciements collectifs et préserver l'emploi des salariés de plus de 50 ans ».

Ces promesses sont à mettre en rapport avec celles qu'il faisait en 1997. Dans son programme d'alors, il prétendait aussi lutter contre la précarité, les petits boulots, les CDD. Balivernes ! Le Parti Socialiste promettait de « créer 700 000 vrais emplois pour les jeunes, pour moitié dans le secteur public, pour moitié dans le secteur privé » et ajoutait : « Ces vrais emplois, payés avec un vrai salaire, seront la première étape de l'insertion dans la vie professionnelle ». Cinq ans plus tard, moins de la moitié de ces emplois, les emplois-jeunes, ont vu le jour, uniquement dans le secteur public et associatif. Le gouvernement ne s'est donné aucun moyen pour contraindre les patrons du privé à embaucher des jeunes, seulement des moyens incitatifs en diminuant les charges, ce qui revenait à tirer les salaires vers le bas. Autre mesure phare de l'époque pour lutter contre le chômage : les 35 heures. On connaît le résultat flexibilité des horaires accrue, aucune obligation d'embauche, dégradation des conditions de travail et pratiquement pas d'emplois créés.

Le droit de vote des immigrés ? Une promesse vieille de vingt ans...

Le Parti Socialiste de François Hollande envisage de «rendre réelle la citoyenneté de résidence pour les étrangers » et propose « le droit de vote pour les résidents étrangers aux élections locales ». Il veut ouvrir « certains emplois fermés aux étrangers », sans oublier de réformer « la double peine ». Mais ce n'était jamais le moment de le faire, a-t-il dit et répété lorsqu'il était au pouvoir ! Le droit de vote pour les étrangers est une vieille revendication que la gauche inscrit à son programme à chaque consultation électorale, pour capter les voix des électeurs issus de l'immigration, et qu'elle s'empresse d'oublier une fois aux affaires.

Le programme du PS aux législatives de 1997 avait promis de revenir sur les lois Pasqua-Debré. « Nous supprimerons les lois Pasqua-Debré. Nous rétablirons les droits fondamentaux au mariage, à la vie en famille et le droit d'asile, ainsi que le code de la nationalité dans sa vision républicaine », pouvait-on lire dans le texte de l'époque. Lors d'un meeting au Zénith, Jospin avait même parlé alors de les abroger purement et simplement. Promesse aussitôt oubliée. Sous Jospin, les expulsions se sont multipliées, les centres de rétention ont continué à fonctionner, tandis que « dix-sept mille peines complémentaires d'interdiction du territoire français (ITF) », c'est-à-dire la double peine, ont été « prononcées chaque année par les tribunaux », rappelait le journal Le Monde du 2 avril dernier.

L'école ? Plus menteur, tu meurs

En 1997, le programme du PS reconnaissait que la France avait « besoin de plus de professeurs, de plus d'éducateurs ». A l'époque, il voulait aussi conforter « l'école de la République, creuset de l'intégration, garantie de l'égalité des chances ». Des mots creux, lorsque l'on sait que l'Éducation nationale souffre d'un manque de moyens chronique en matériel, en établissements, en personnel. Mais pour le Parti Socialiste le « bilan est bon » !

Le Parti Socialiste promet de nouveau de «faire réussir chaque élève ». Et d'ajouter que « 100 % de chaque génération doit sortir du système scolaire avec une qualification reconnue, 80 % de chaque classe d'âge doit parvenir aux bacs, 50 % à un diplôme de l'enseignement supérieur ». Il veut « vaincre l'échec scolaire ». Mais il se garde de dire comment. Au gouvernement, il n'a cessé de rogner les moyens accordés à l'Éducation nationale au regard des besoins. Qu'importe si aujourd'hui des dizaines de milliers d'enfants qui rentrent en sixième ne savent ni lire ni écrire. Qu'importe si les professeurs et le personnel administratif ne sont pas remplacés. Qu'importe si les rectorats s'apprêtent à fermer des classes et si la réforme des collèges vise à réduire le nombre d'heures de cours.

Le logement. ? On repeint tout en rose...

Dans le domaine du logement également, le Parti Socialiste fait de vagues promesses. En 1997 déjà, il s'engageait à faire « le remodelage complet des quartiers construits après-guerre et qui sont aujourd'hui en pleine dégradation ». Il se fixait « l'objectif de 300 000 réhabilitations et de 150 000 logements neufs par an ». En 2002, pas un mot sur ce qui a été fait ou plutôt ce qui n'a pas été fait. Quiconque vit en banlieue voit au jour le jour les dégradations de l'habitat populaire s'accentuer.

Aujourd'hui, le PS fait des beaux discours qui ne sont même pas des promesses. Il dit vouloir « humaniser les cités, supprimer les ghettos » pour que les « cités-dortoirs » se transforment « en vrais quartiers, dans de vraies villes. Pour qu'il y fasse bon vivre ».

Il propose de « démolir 30 000 logements par an et en reconstruire autant ». Il prétend vouloir appliquer « strictement la loi qui prévoit la réalisation de 20 % de logements locatifs sociaux dans toutes les communes urbaines ». Mais pourquoi ne l'a-t-il pas fait lorsqu'il avait la majorité à l'Assemblée ?

Hier comme aujourd'hui, le PS ressert tranquillement les mêmes promesses : de toute façon, il ne sera pas en situation de les tenir s'il n'obtient pas, avec ses partisans (lesquels ?), une majorité. Et s'il revenait au gouvernement, il ne les tiendrait pas non plus.

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