Contre la droite cynique et la gauche hypocrite24/05/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/05/une1765.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

Contre la droite cynique et la gauche hypocrite

En appelant à plébisciter Chirac, les partis de gauche battus ont voulu éviter d'avoir à expliquer pourquoi le Parti communiste et le Parti socialiste ont découragé 4 millions de leurs électeurs. Ils ont évité d'avoir à expliquer ce qu'ils ont fait, pendant les cinq ans passés au pouvoir et évité surtout de se demander ce qu'ils n'ont pas fait.

Pour éviter d'avoir à se justifier, ils ont agité comme une cape la baudruche Le Pen devant les yeux des électeurs.

Aujourd'hui, avec les législatives, la gauche va commencer à nous dire que la droite ne doit pas passer. Ce ne sera plus à Le Pen qu'il faudra barrer la route, sauf dans quelques endroits, mais ce sera aux candidats de Chirac !

Si les partis de gauche sortent vaincus des élections législatives, ils l'auront bien cherché. On ne peut présenter un jour Chirac comme le rempart, le défenseur de la démocratie et le lendemain découvrir qu'il est porteur d'idéologies anti-sociales, voire réactionnaires !

La situation des classes populaires, du monde du travail, des plus exploités de la société, s'est aggravée, au point qu'il y a aujourd'hui 9 millions de personnes qui ont moins de 4000 francs par mois pour vivre, alors que, même avec le smic, il est de plus en plus difficile de vivre.

Il y a des quartiers, ceux qu'on appelle sensibles, où il y a jusqu'à 30 %, et même plus, de la population active qui est au chômage. C'est trois fois plus que la moyenne nationale.

Il y a des gens qui vivent dans des logis, manquant du moindre confort, quand ils ne sont pas des taudis insalubres.

Et il y a 100 000 personnes qui sont absolument sans abri.

C'est inacceptable qu'un gouvernement qui se prétend au service des classes populaires n'ait pas tout fait pour remédier à une telle situation.

Voilà pourquoi la gauche a perdu des électeurs. Et voilà le retour sur eux-mêmes qu'ils auraient pu, et dû faire, s'ils avaient été honnêtes vis-à-vis de leur électorat.

Pour les législatives, ils se présentent donc, tout de blanc vêtus, en oubliant leurs cinq ans au pouvoir, où ils n'ont rien fait pour les masses laborieuses.

Nous allons voir s'affronter la gauche, qui a menti pendant cinq ans, et la droite qui veut pouvoir mentir pendant les cinq ans à venir.

La droite comme la gauche ne feront rien pour diminuer le chômage dans les banlieues sacrifiées et rien pour augmenter les moyens et les effectifs de l'Education nationale dans ces banlieues. C'est-à-dire rien de fondamental pour diminuer la délinquance.

En ce moment même, des plans de licenciements pèsent sur des centaines de travailleurs dans des villes comme Soissons ou Fécamp, et des milliers à l'échelle du pays. Ces licenciements vont ruiner les artisans, les commerçants de ces villes et même d'autres professions comme les médecins. Cela coûte très cher à la collectivité.

Si l'on attend des mesures efficaces - et seules des mesures radicales seraient efficaces - du gouvernement qui sortira des urnes, on sera déçu. C'est pourquoi sa couleur importera peu. D'ailleurs, la gauche elle-même nous a dit qu'il n'y avait pas de différence fondamentale entre elle et Chirac.

Lutte ouvrière présente des candidats dans toutes les circonscriptions du pays, pour défendre des revendications indispensables comme l'interdiction des licenciements collectifs, la levée du secret des affaires afin que les travailleurs, la population aient leur mot à dire dans la marche des grandes entreprises.

Il faut continuer à nous battre pour que la situation du monde du travail ne s'aggrave pas.

Alors, le 9 juin, vous aurez partout l'occasion de voter pour une candidate ou un candidat de Lutte ouvrière, de voter pour un programme revendicatif qui, seul, pourra changer le rapport de force entre le grand patronat et le monde du travail.

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