Proche-Orient : Les visées de Sharon26/04/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/04/une1761.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Proche-Orient : Les visées de Sharon

Colin Powell, le secrétaire d'Etat américain, est reparti d'Israël le mercredi 17 avril, sans être parvenu à infléchir les positions de Sharon. Le voulait-il d'ailleurs, ou sa visite n'a-t-elle été qu'une approbation à peine voilée de l'offensive guerrière de l'Etat d'Israël ? Le fait qu'aucune exigence n'ait été posée par le représentant des Etats-Unis, pas même le rappel des demandes de retrait " sans délai " un temps formulées par Bush, prouve s'il en était besoin que la visite de Powell n'avait pas pour but de contraindre Sharon, mais au contraire de lui laisser le temps nécessaire à l'exécution des pires exactions.

Et en cela les Etats-Unis sont complices des massacres qui ont eu lieu à Jénine ou dans d'autres villes de Cisjordanie. Ils sont complices des centaines de morts, des milliers de blessés, des destructions de quartiers entiers, des maisons rasées, des centraux électriques détruits, des canalisations d'eau éventrées...

Il est évident que, sous prétexte de lutte contre le terrorisme, c'est à toute la population palestinienne que le gouvernement israélien s'en prend, consciemment, systématiquement, voyant dans chaque Palestinien un terroriste pour le moins en puissance car comme l'a dit le maire-adjoint de Naplouse : " Il est fou que l'armée israélienne utilise tout cela (chars, avions, hélicoptères...) contre une poignée d'hommes armés de kalachnikovs. Ils venaient pour détruire. Ce sont eux les terroristes ! "

La brutalité avec laquelle l'armée israélienne se comporte en Cisjordanie est voulue et recherchée. Elle vise, non pas à réduire les actes de terrorisme individuels (c'est même l'inverse qui se produira sûrement), mais à terroriser toute une population, à rendre les actes de la vie quotidienne de plus en plus difficiles. Le gouvernement israélien aurait pour but de faire fuir la plus grande partie possible de la population, comme ses homologues l'avaient fait à la fin des années quarante, qu'il ne s'y prendrait pas différemment.

C'est d'ailleurs un vieux rêve de l'extrême droite israélienne, en particulier religieuse, de récupérer les terres palestiniennes jusqu'au Jourdain - ce qu'elle appelle la Judée-Samarie. Jusqu'ici cela s'est fait par grignotages successifs des terres palestiniennes, par l'installation d'une multitude de colonies juives de peuplement qui ont restreint au fil du temps les zones palestiniennes, et ce sous tous les gouvernements israéliens, qu'ils aient été de droite ou de gauche.

On ne sait pas aujourd'hui tout ce qui se passe dans les nombreux villages palestiniens bouclés par l'armée israélienne. Mais la création décidée de " zones tampons ", le long de la ligne verte séparant la Cisjordanie d'Israël et tout autour de Jérusalem-Est occupée et annexée, signifie obligatoirement l'expulsion de milliers de Palestiniens de leurs demeures ou de leurs terres. Il faut ajouter à cela que Sharon vient d'affirmer que son gouvernement " refuserait même de discuter l'évacuation des colonies jusqu'aux élections " (prévues en octobre 2003), " et peut-être au-delà ", ce qui souligne que l'occupation israélienne et le vol des terres palestiniennes ne sont pas près de cesser ; comme ne sont pas près de cesser, en corollaire, les actes de désespoir pouvant conduire au terrorisme individuel de la part de nombreux Palestiniens.

Sharon est " un homme de paix ", a dit Bush, qui s'y connaît en violence et oppression envers les peuples ; violence et oppression qui se sont toujours confondues avec la paix impérialiste.

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