Ni Le Pen ni Chirac : Ni rire, ni pleurer les combattre26/04/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/04/une1761.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Tribune de la minorité

Ni Le Pen ni Chirac : Ni rire, ni pleurer les combattre

Au deuxième tour des présidentielles il n'y aura donc le choix qu'entre Chirac et Le Pen. C'est-à-dire entre le pire et le plus que pire. Tous les indices accusent Chirac d'avoir tapé dans la caisse de tous les postes qu'il a occupés depuis 30 ans. Le Pen est devenu milliardaire à la suite d'une sombre histoire de captation d'héritage. On imagine ce qu'il pourrait faire s'il avait à sa disposition les caisses de l'État.

Le 5 mai les travailleurs n'auront aucun choix. Ils n'ont donc ni temps ni énergie à gaspiller à aller mettre un bulletin dans l'urne au nom d'un de leurs ennemis. Plutôt que de se demander quelle est la moins pire des solutions, il s'agit de se préparer à lutter, quel que soit le président qui sortira des urnes.

Car il n'est pas vrai que nous, travailleurs, soyons en plus mauvaise position pour nous défendre après ce premier tour des présidentielles.

Oui, Le Pen est une menace pour les immigrés, pour les chômeurs, pour les pauvres, pour tous les travailleurs. Dimanche soir, son appel démagogique aux ouvriers, lui le patron milliardaire, était une imposture. Depuis cinquante ans sa propagande constante xénophobe ou raciste vise à diviser les travailleurs. C'est-à-dire à nous affaiblir pour permettre aux patrons de pouvoir encore diminuer les salaires, les retraites et les protections sociales, augmenter les cadences, licencier plus facilement. C'est ça son vrai programme de gouvernement.

Mais qu'ont fait d'autre Chirac et ses copains Balladur et Juppé au pouvoir ? Exactement la même chose : permettre les plans de licenciements en pagaille, s'attaquer aux retraites en augmentant la durée des cotisations, favoriser la précarité et le chômage, s'en prendre aux immigrés sans papiers. Nous savons donc à quoi nous attendre quand Chirac en aura repris pour cinq ans : les mêmes attaques, peut-être encore plus virulentes. Car il est maintenant en concurrence directe avec Le Pen et, sous une pression encore plus forte de l'extrême droite, la droite voudra montrer qu'elle est tout aussi anti-ouvrière ou anti-immigrés que celle-ci.

Aujourd'hui d'innombrables travailleurs et jeunes sont, à juste titre, ulcérés de voir Le Pen figurer au second tour. Mais la gauche n'a pas à aller chercher bien loin les raisons de sa défaite. Depuis cinq ans au gouvernement, Jospin n'a pas fait autre chose que ce que Chirac avait déjà fait avant lui avec la droite et ce que Le Pen voudrait aggraver à l'avenir. C'est pour ça que la gauche vient de recevoir une gifle monumentale de l'électorat. Comment en aurait-il pu être autrement alors que pendant la récente campagne électorale encore Jospin ne se cachait pas d'envisager, s'il était élu, de continuer la même politique, en s'attaquant aux retraites par exemple ?

L'extrême droite a totalisé 20 % des votes lors de ce premier tour. Mais l'extrême gauche, elle, en a reçu plus de 10 %. En votant en particulier pour Arlette Laguiller ou Olivier Besancenot, près de trois millions de femmes et d'hommes ont dit qu'ils savaient que Le Pen ou Chirac étaient les ennemis des travailleurs. Mais ils ont dit aussi que cinq années de gouvernement de gauche plurielle avaient appris qu'il aurait fallu se battre de la même façon si Jospin avait été élu.

Pour préparer le combat inévitable, dans les grèves, dans la rue, l'extrême gauche est prête à tendre la main à tous les hommes et femmes de gauche, socialistes atterrés de la situation dans laquelle Jospin a mené la gauche, communistes consternés de l'effondrement de leur parti miné par la politique de Robert Hue, militants syndicalistes ou associatifs. Mais tous ceux-ci, s'ils veulent réellement défendre les intérêts du monde du travail, devront préparer la riposte à l'offensive patronale et gouvernementale qui s'annonce, avec cette extrême gauche qui la première a mis en garde contre tous nos adversaires, de droite ou de gauche.

Contre Le Pen et Chirac, l'unité du monde du travail, oui, mais l'unité dans le combat, et non derrière aucun de nos ennemis !

Editorial des bulletins d'entreprises l'Etincelle du lundi 22 avril 2002 édité par la Fraction

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