La faillite de la politique de Hue n'est pas celle des ideaux communistes26/04/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/04/une1761.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Elections présidentielles

La faillite de la politique de Hue n'est pas celle des ideaux communistes

La chute électorale du PCF constitue une sanction sans appel de la politique de sa direction, politique qui s'est traduite par sa participation au gouvernement durant ces cinq dernières années.

Mais ce n'est pas tant la participation gouvernementale en soi qui est sanctionnée, c'est surtout ce qu'elle a signifié : la soumission du PCF au PS et la caution qu'il a, de ce fait, accordée à sa politique, le soutien sans faille que ses parlementaires ont pratiqué à l'égard de ce gouvernement dès qu'il s'agissait de l'aider à atteindre une majorité pour qu'une mesure, même critiquée par le PCF, puisse passer à l'Assemblée nationale. Ce fut le cas, par exemple, lorsqu'il s'est agi d'adopter les mesures dans la continuité du plan Juppé sur la maîtrise comptable des dépenses de santé, ou encore lors de la mise en place des 35 heures à la sauce Aubry, autant dire à la sauce patronale.

Dans le bilan qu'a tiré Marie-George Buffet du résultat de Hue, publié dans l'Humanité du 24 avril, cet aspect n'est pas du tout abordé. La secrétaire nationale du PCF se borne, se cantonnant à des généralités, à faire le constat que le recul atteint l'ensemble de la gauche gouvernementale, ce qui est une évidence. Et d'ajouter que le PCF n'a pas su faire comprendre sa démarche de " mutation ". Une manière de dire que ce sont les électeurs qui n'auraient rien compris, et qu'il faudrait, en mieux, continuer dans la même voie.

Et si justement les électeurs avaient trop bien compris ?

Juste avant que le PCF ne décide d'entrer de nouveau dans un gouvernement socialiste, en 1997, Robert Hue répétait à qui voulait l'entendre qu'il ne s'agissait pas de " recommencer ce qui avait échoué entre 1981 et 1984 ", période où déjà les ministres communistes avaient cautionné, au sein des gouvernements Mauroy, les pires attaques contre les travailleurs : le blocage des salaires, le plan acier se traduisant par des dizaines de milliers de licenciements dans la sidérurgie, etc. Mais ça n'a pas manqué : le PCF a recommencé. Et cela a de nouveau échoué.

Hue a beau dire aujourd'hui qu'il avait averti ces derniers temps le gouvernement que s'il n'infléchissait pas à gauche sa politique, ou du moins son discours électoral, cette " gauche plurielle " irait dans le mur, ces avertissements de pure forme n'ont rien changé. Mais en même temps qu'ils se démarquaient mollement, tardivement et verbalement de Jospin, les dirigeants du PCF ont multiplié les attaques contre " Arlette ". Ils ont consacré une partie des pages de l'Humanité à des bobards contre elle et Lutte Ouvrière et ils ont choisi d'utiliser l'énergie de leurs militants à faire coller et à faire circuler des photocopies de la tribune libre diffamatoire des frères Cohn-Bendit parue dans Libération. Ils ont chargé Fodé Sylla de déverser des mensonges délibérés sur l'attitude d'Arlette Laguiller au Parlement européen ou Gérard Miller de faire son numéro de comique contre les votes d'Arlette.

Tout cela n'a pas évité au PCF de se retrouver dans le mur, en même temps que le PS, mais pire que ce dernier. Il eut mieux fait d'utiliser sa campagne, ses temps de parole, le dévouement de ses militants, à dénoncer les idées de l'extrême droite et les dangers qu'elles constituent contre le monde du travail ; mieux fait de faire campagne pour dénoncer la politique de cette droite incarnée par ce Chirac que l'on présente aujourd'hui comme le sauveur de la République et de la démocratie. Et pour qui la direction du PCF appelle à voter. Voilà à quoi aboutit la politique des dirigeants du PCF. Après avoir choisi Jospin, ils en sont à présenter ce réactionnaire affiché comme le garant des libertés et des droits. La faillite électorale se conclut par cette lamentable capitulation.

La dénonciation de la droite aurait dû avoir pour pendant une claire dénonciation de la politique que Jospin s'apprêtait à mener s'il avait été élu, avec ou sans ministres du PCF. Mais cela aurait signifié que Hue se critiquait lui-même...

Oui, Hue s'est retrouvé dans le mur. Ce n'est rien d'autre que le résultat de la politique de la direction du PCF. Malheureusement, du même coup, les militants du PCF qui n'ont pas eu le choix et qui pour beaucoup se montraient de plus en plus réticents , ne serait-ce que parce qu'ils entendaient ce qui se disait autour d'eux dans les entreprises et les quartiers, y sont allés eux aussi. Et beaucoup en sont sonnés.

La démonstration vient d'être faite de ce que la politique choisie par la direction du PCF, non seulement ne correspond pas aux intérêts de la population laborieuse, mais n'est pas payante au plan électoral. Mais, dans le même temps, la démonstration a été faite qu'en se revendiquant clairement des idéaux communistes et en défendant des mesures radicales qui puissent mettre un coup d'arrêt à l'offensive patronale, on pouvait être entendu par une fraction importante du monde du travail. C'est ce que montrent les résultats d'Arlette Laguiller.

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