Atofina (Jarrie, région de Grenoble)26/04/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/04/une1761.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Atofina (Jarrie, région de Grenoble)

Rien ne va plus pour les onze salariées de l'entreprise L'Activité, qui font le nettoyage de l'usine chimique Atofina à Jarrie, une commune du sud grenoblois. En avril 2001, elles avaient fait quatre semaines de grève et avaient obtenu une prime annuelle de 1600F, le paiement des jours de maladie dès le 4e jour d'arrêt (et non pas dès le 11e, comme c'est le cas dans la plupart des sociétés de nettoyage) et une prime de transport mensuelle de 125F.

Depuis, la direction d'Atofina a changé de sous-traitant et le personnel est passé à l'entreprise L'Activité. Cette entreprise, qui a mauvaise réputation parmi les travailleurs de la région, est bien connue pour ses méthodes antiouvrières. D'ailleurs, elle a vite fait ses preuves à Atofina.

Le 13 mars, les ouvrières débrayaient une heure pour protester contre les irrégularités mensuelles sur les feuilles de paye : heures supplémentaires et complémentaires (pour les temps partiels) non payées, primes revues à la baisse et remise en cause des acquis de la grève, comme le non-paiement des jours de maladie ou la prime mensuelle de transport... Quelques heures après le débrayage, deux nervis du patron vinrent agresser verbalement la déléguée syndicale CGT, en la menaçant sur son lieu de travail.

Suite à cette agression, les travailleuses débrayèrent une heure à nouveau et se rassemblèrent pour distribuer un tract s'adressant aux ouvriers de l'usine pour dénoncer leurs conditions de travail. Deux représentants de la direction d'Atofina, appelés par les grévistes, déclarèrent ne pas vouloir se mêler des affaires de leurs entreprises sous-traitantes. La presse a relevé que les deux sbires du patron ont pu rentrer facilement sur un site pourtant classé Seveso, sous contrôle Vigipirate, où ils n'avaient rien à faire. La déléguée dénonça aussi cette direction d'Atofina qui prétend se soucier de la condition féminine mais qui en réalité s'en fiche, sauf pour se faire de la pub. En effet, le 8 mars, à l'occasion de la journée de la Femme, cette direction avait fait venir de Toulouse tout le personnel féminin de l'usine AZF et l'avait invité à un buffet dans l'usine, avec celui de Jarrie. Les femmes du nettoyage, elles, n'étaient pas invitées...

Quelques jours plus tard, la déléguée reçut une convocation pour " une éventuelle sanction ", sans autre précision, alors que c'était elle la victime ! Entre-temps, rien n'était réglé sur les feuilles de paye. Cette fois, les travailleuses se mirent en grève toute la journée du mardi 9 avril et décidèrent d'accompagner leur déléguée chez le patron, qui n'avait rien de sérieux à lui reprocher.

Après avoir débrayé toute la semaine suivante, une heure par jour, les travailleuses sont en grève totale depuis vendredi 19 avril. Pour l'instant, la direction d'Atofina fait la sourde oreille, alors qu'elle est la principale responsable de cette situation car c'est elle qui sous-traite le nettoyage et fait baisser les prix des entreprises, qui se rattrapent en exploitant encore plus leur personnel.

Les travailleurs d'Atofina ont signé massivement une pétition de soutien et nombreux sont ceux qui sont intervenus auprès de leur hiérarchie, ne cachant pas leur écoeurement devant ces conditions de travail dignes du dix-neuvième siècle.

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