SNCF Gare du Nord : 20 embauches obtenues par la grève19/04/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/04/une1760.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

SNCF Gare du Nord : 20 embauches obtenues par la grève

En deux jours, les grévistes de la gare du Nord ont obtenu vingt embauches par une mobilisation qu'on n'avait pas vue depuis les grèves de 1995.

Cela faisait longtemps que le ras-le-bol s'accumulait face à l'aggravation des conditions de travail due au manque d'effectifs. À la banlieue, des locaux de vente sont régulièrement fermés car il n'y a personne pour les tenir. En grandes lignes, cela n'est pas mieux, les postes non tenus faute d'effectif sont monnaie courante. Les queues s'allongent alors que de nombreux guichets sont fermés. La durée d'attente pour obtenir un billet Paris-Lille peut atteindre 1 h 15, davantage que le temps de trajet (1 h) !

Résultat, les voyageurs sont énervés et se défoulent souvent sur les cheminots qu'ils ont en face d'eux.

Autant dire que ces manques d'effectifs pénalisent les voyageurs et les cheminots.

De plus, les embauches prévues pour les agents de manoeuvre et le départ des trains n'ont toujours pas été réalisées. C'est pourquoi quand l'ensemble des syndicats de la gare, CGT, FO, CFDT et SUD ont appelé à une journée de grève, les cheminots ont répondu présent.

Jeudi 11 et vendredi 12 avril, il était quasiment impossible de trouver un guichet de vente ouvert à la gare du Nord et des cadres ont dû remplacer des grévistes pour donner le départ des trains et dans des postes de circulation. La direction a dû avouer des pourcentages de grévistes de 68 % en banlieue et 80 % aux guichets grandes lignes, les deux secteurs les plus mobilisés.

La première assemblée, jeudi 11, réunissait 150 personnes de tous les services de la gare. La revendication de 40 embauches fut adoptée par l'ensemble des grévistes. D'ailleurs, il s'agit exactement, d'après les chiffres de la direction, du nombre d'embauches nécessaires pour assurer le service prévu et couvrir tous les postes.

Pourtant lors du dépôt du préavis, la direction disait n'avoir aucune autorisation d'embauche : elle s'engageait seulement à prendre 10 CDD jusqu'à l'été.

Après l'assemblée générale, cela devenait déjà dix embauches au cadre permanent et dix CDD supplémentaires.

Mais cela ne nous suffisait pas. Nous sommes allés tous ensemble à la direction nationale à Montparnasse. N'ayant rien obtenu de plus, nous avons revoté la grève jusqu'au lendemain.

Le soir même, la direction s'engageait auprès des syndicats à transformer les dix CDD en titulaires au plus tard le 1er septembre et à ce que quatre postes d'emplois-jeunes soient pérennisés. Cela faisait donc 20 embauches de cheminots.

Le lendemain matin, les guichets restaient fermés et la grève aussi forte. L'assemblée jugeait que cela ne faisait toujours pas le compte et la grève était revotée à la quasi-unanimité. Le chef d'établissement refusant de renégocier, nous sommes allés tous lui rendre visite et avons fait un joyeux chahut dans les couloirs de l'établissement. Prenant un air dégoûté, il nous a dit qu'il ne lâcherait rien de plus et que " nous n'étions pas dans un lycée ". Alors c'est sous les huées et les cris de " Proviseur ! " " Démission ! " qu'il a quitté les lieux.

Toutefois, à l'assemblée de l'après-midi, les représentants de Force Ouvrière décidaient de quitter la grève alors qu'eux-mêmes l'avaient votée le matin. Et si une partie des grévistes a condamné ce lâchage, il n'y avait pas la détermination pour continuer malgré ce coup bas. L'unité syndicale pour l'appel à la grève avait été un facteur important de sa réussite. La division syndicale signifiait alors pour beaucoup la fin du mouvement... Et le lendemain, une assemblée de 40 personnes votait logiquement la reprise.

Il reste qu'en deux jours, vingt embauches ont été imposées. Cette grève a été la plus importante depuis 1995, par le nombre de grévistes et la participation aux assemblées. Autant dire que la direction n'en a pas fini avec nos revendications.

Partager