"Maîtrise comptable" des dépenses de santé19/04/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/04/une1760.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Elections présidentielles

"Maîtrise comptable" des dépenses de santé

Jospin sur la même longueur d'onde que Chirac

Pour gagner quelques voix de plus, Chirac a " critiqué " les ordonnances sur la Sécurité sociale prises par son Premier ministre, Alain Juppé, en 1995. Chirac est un hypocrite qui ne croit surtout pas ce qu'il dit mais Jospin le vaut bien. Son gouvernement n'a jamais remis en cause les ordonnances du plan Juppé. Depuis 1997, il a continué à les appliquer.

Depuis plusieurs décennies, les gouvernements successifs de droite comme de gauche, ont tout fait pour diminuer les dépenses de Santé. A chaque fois, on a entonné le même air, les médecins étant accusés de faire trop de consultations, les malades montrés du doigt et les hôpitaux invités à restreindre leurs dépenses. Il fallait donc faire des économies, les dépenses dépassant les crédits attribués à la Santé.

Le plan Juppé de 1995 prévoyait de réduire ces dépenses en limitant l'offre publique de soins, les dépenses de Santé remboursables et l'ensemble du financement public à la Santé. Il prévoyait l'intégration du budget de la Sécurité sociale au budget de l'État, la transformation des cotisations sociales en impôt, impôt payé en grande partie par les salariés, avec l'élargissement de la Contribution sociale généralisée (CSG), et la création du Remboursement de la dette sociale (RDS). En fait, cela revenait à mettre en place une politique de rationnement des soins pour la médecine de ville, et la " maîtrise comptable " des dépenses de Santé pour les hôpitaux. Il a fallu le mouvement de grève de décembre 1995 pour empêcher le démantèlement des régimes de retraites des fonctionnaires que Juppé prévoyait d'aligner sur le privé. Le reste a continué à s'appliquer pour aboutir à la situation catastrophique d'aujourd'hui.

Soumis à une logique financière et comptable, le système de Santé s'est fortement dégradé. La baisse du remboursement des médicaments a rogné la couverture maladie. Les fermetures de lits, de services et d'établissements hospitaliers se sont multipliées. La charge de travail n'a cessé de croître pour le personnel hospitalier surtout avec l'application des 35 heures, sans embauches ; ce qui a provoqué la colère du personnel. Les récentes grèves et manifestations en témoignent.

Le droit à la santé est pourtant un droit élémentaire, qui ne devrait en aucun cas être emprisonné dans une logique comptable. Les demandes de soins augmentent tant à cause du vieillissement de la population que des progrès de la médecine. Si le coût de la Santé augmente en conséquence cela n'a donc rien de scandaleux en soi, dans la mesure où cela correspond à un progrès pour l'humanité. Un progrès qu'il faut trouver les moyens de financer. Les ressources existent pour cela, contrairement à ce que prétend le gouvernement actuel qui, pour contenir la demande de soins, en réduit l'offre et en limite les dépenses.

L'urgence, ce serait en fait d'investir massivement pour répondre aux besoins de santé de la population, en créant des dizaines de milliers d'emplois d'agents hospitaliers, d'infirmières qui sont nécessaires au bon fonctionnement des hôpitaux. Sans oublier de mettre un terme au " numerus clausus " qui limite le nombre de médecins. Il faudrait également multiplier des centres de soins, des maternités et des centres hospitaliers de proximité - qui ont été scandaleusement fermés - car ils font cruellement défaut dans l'ensemble du pays.

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