Les médias sous la coupe des groupes capitalistes19/04/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/04/une1760.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Les médias sous la coupe des groupes capitalistes

Liberté de la presse, indépendance des journalistes ? Rien n'est plus faux. En fait quelques grands groupes financiers et industriels possèdent l'essentiel des moyens d'information.

En ce qui concerne les chaînes privées de télévision, TF1 et LCI sont dans les mains de Bouygues, Canal Plus appartient à Vivendi dont le Pdg est Jean-Marie Messier, M6 à Suez-Lyonnaise des Eaux. L'hebdomadaire Le Nouvel Observateur, dans une enquête sur les médias, indiquait que " Capital, émission phare sur M6, n'a jamais consacré d'enquête au scandale de l'eau : la Lyonnaise des Eaux est actionnaire de M6. Karl Zéro, l'animateur du " Vrai Journal " de Canal +, qui s'est fait une réputation pour l'intransigeance de ses enquêtes, n'est pas libre d'enquêter sur Vivendi (actionnaire majoritaire de Canal+) sur le cinéma ou sur le football, mamelles de la chaîne. "

Ce n'est pas mieux du côté de la presse écrite : elle est aux mains d'une demi-douzaine de grands groupes. Jean-Luc Lagardère, qui possède Matra-Hachette, contrôle aussi, en plus d'Europe 1, Paris Match, le Journal du dimanche, l'Evénement, Elle, Télé 7 jours, France-Dimanche, Pariscope, Nice-Matin sans citer ses participations dans la presse régionale. Il vient aussi, au côté de Bouygues, d'entrer l'an dernier dans le capital de L'Humanité. Cette année, Dassault, qui détient déjà Le Journal des Finances, Valeurs actuelles, Le Spectacle du monde et trois périodiques franciliens, s'est offert une minorité de blocage dans le capital du Figaro, dont il est devenu le principal actionnaire.

Jean-Marie Messier, au travers de Vivendi, outre Canal +, possède l'Express, l'Expansion, la Vie Française, le Moniteur, l'Usine Nouvelle, etc.

François Pinault, Pdg de Pinault-Printemps-la Redoute qui possède la Fnac et des participations dans TF1, a racheté le Point et Historia. Bernard Arnault, Pdg de la firme de luxe LVMH possède le journal financier La Tribune.

Le Monde vient de racheter Le Courrier international et de décider de faire son entrée en Bourse. La société des lecteurs du Monde a comme président du conseil de surveillance Alain Minc, membre de conseils d'administration dont celui de l'ex- Moulinex, et compte Michel Bon, actuel Pdg de France Télécom, dans son conseil de surveillance.

Jérôme Seydoux, milliardaire héritier de la famille Schlumberger, Pdg de Pathé et de Chargeurs, est actionnaire de Libération depuis 1982. Venant au secours de ce quotidien, apportant par exemple 72,6 millions en 1995 et 70 millions l'année suivante, Seydoux est aussi administrateur de Danone et d'Accor. D'ailleurs, Libération, qui n'est pas ingrat, s'était indigné de l'appel des salariés de Danone à boycotter les produits de la firme lors de l'annonce des licenciements.

Posséder un journal n'est pas le seul moyen d'avoir les faveurs de la rédaction. La publicité joue aussi un rôle énorme. Vivendi, toujours lui, a dépensé en 1998 deux milliards de francs de publicité, plus que le Produit national brut de l'Albanie. Un article qui déplaît peut entraîner aussitôt la perte d'un budget de plusieurs millions de francs. De quoi faire réfléchir ? ou plutôt faire fléchir pas mal de journaux, qui sont des entreprises capitalistes comme bien d'autres.

Comme on le voit, la " liberté de la presse " qu'on nous vante tant est surtout la liberté pour quelques grands groupes et grandes familles de se partager les moyens d'information à l'échelle du pays.

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