L'aide de l'Etat... Aux profits du patronat19/04/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/04/une1760.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

L'aide de l'Etat... Aux profits du patronat

Les entreprises Motorola, Philipps et STMicroelectronics viennent d'annoncer la création à Crolles, près de Grenoble, d'un second centre de recherche sur les composants électroniques.

Le cinquième du coût de cet énorme investissement sera payé par des subventions publiques d'origines diverses. Le premier centre avait déjà bénéficié d'un milliard de francs de subventions. De plus, ces entreprises privées bénéficieront encore davantage de l'activité de centaines de chercheurs du CEA, le centre de l'énergie atomique, et de ses laboratoires.

Ce n'est qu'un exemple de la façon dont une partie de la richesse publique est dirigée vers le secteur privé et aide à la réalisation des profits des actionnaires. Pour cela, il existe des centaines de subventions publiques de différents types et venant de toutes les collectivités publiques : Union européenne, Etat, régions, conseils généraux, communes, groupements de communes. Elles représentent le dixième des recettes des administrations publiques.

Mais l'utilisation des moyens publics ne s'arrête pas là. Le patronat dispose d'exonérations et de dégrèvements qui n'ont cessé d'augmenter ces dernières années, sous prétexte de loi sur les 35 heures ou de lutte contre le chômage. Ainsi, pour chaque embauche d'un travailleur payé au SMIC, l'exonération est passée depuis 1997 de 5,4 % à 18,2 % du salaire brut !

Bien évidemment, les grandes entreprises bénéficient le plus de ces possibilités de récupérer l'argent public ou les moyens des collectivités territoriales. Elles disposent des services compétents de " chasseurs de primes ". Elles ont les moyens de faire miroiter aux communes ou aux régions les bienfaits de telle ou telle implantation.

L'aide publique ne s'arrête pas là. Elle concerne aussi la mise à leur disposition des moyens de l'Etat : d'éducation, de transport, d'infrastructure, de recherche.

En contrepartie, il n'y a véritablement rien. En tout cas rien qui engage le grand patronat vis-à-vis de la collectivité. Et quand elles le décident, une fois les subventions empochées, une fois l'aide des collectivités fournies, rien n'empêche ces entreprises de fermer boutique et de laisser les travailleurs sur le carreau comme l'ont montré ces dernières semaines les exemples des usines Whirlpool dans la Somme, Mitsubishi à Etrelles en Ille-et-Vilaine, ou encore Daewoo en Lorraine qui, au moment-même où elle annonçait des suppressions d'emplois, a eu le toupet de réclamer de nouvelles subventions.

Car contrôler vraiment l'utilisation de ces subventions n'entre même pas dans les intentions des responsables politiques. Une commission nationale des aides publiques aux entreprises a bien vu le jour, à l'initiative du PC, mais pour évaluer l'impact des aides, un point c'est tout. Rien n'est prévu pour réclamer la restitution des aides que la commission considérerait comme ayant été distribuées indûment, si même cela pouvait être envisagé.

A longueur de temps, le patronat et son fer de lance du Medef crient à l'excès d'étatisme. Mais qu'il s'agisse de subventions, d'exonérations de charge, de frais pris en charge par l'Etat, ils réclament toujours davantage de l'aide publique. Sous couvert de lutte pour l'emploi ou d'aménagement du territoire, les gouvernements successifs et leurs représentants dans les collectivités locales distribuent les aides sans compter, aidant surtout le patronat...à assurer ses profits. Au détriment bien sûr de toutes les dépenses qui seraient utiles à la collectivité.

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