Rideau de fer aux frontières29/03/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/03/une1757.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Tribune de la minorité

Rideau de fer aux frontières

En France, les médias évoquent parfois le drame de ces milliers d'Africains qui tentent de passer le détroit de Gibraltar sur des embarcations de fortune et périssent noyés en mer, ou de ceux qui errent sur des navires à la dérive au milieu de la Méditerranée.

Mais il y a un black-out total sur ce qui se passe aux frontières de l'Allemagne, où les drames vécus par ceux qui fuient la misère ou l'oppression de leur propre pays ne sont pas moins nombreux. Douze ans après la chute du Mur de Berlin, les autorités de la République Fédérale ont installé une nouvelle muraille, qu'elles voudraient hermétique, pour empêcher tous les pauvres d'Europe de l'Est et des Balkans de trouver refuge dans la riche Allemagne.

Une brochure éditée récemment par l'Initiative Antiraciste de Berlin fait le bilan de la politique de la RFA vis-à-vis des réfugiés entre 1993 et 2001. Pendant cette période, où se sont succédé un gouvernement CDU-FDP, puis un gouvernement du SPD et des Verts, cette enquête révèle que 130 réfugiés sont morts sur le chemin de la RFA ou à sa frontière, dont 100 sur sa frontière orientale. 343 autres ont été blessés lors du passage de la frontière allemande. Par ailleurs 99 réfugiés ont préféré se suicider plutôt que d'être expulsés, ou sont morts en tentant de fuir une expulsion, dont un certain nombre abattus par les gardes-frontières.

A ces chiffres, il faut ajouter les 69 autres qui, au cours de la même période, ont été assassinés lors d'agressions racistes en Allemagne même. Un sinistre bilan qui éclaire la situation dans un pays qui se prétend un des phares du " monde libre " de la démocratie et des droits de l'homme.

Partager