Quand le parti socialiste "redécouvre" l'existence du monde du travail29/03/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/03/une1757.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Quand le parti socialiste "redécouvre" l'existence du monde du travail

Les dirigeants du Parti Socialiste, inquiets, " redécouvrent " brusquement l'existence du monde du travail.

Ainsi Jospin, lors de son meeting du jeudi 21 mars, s'adressait aux " Français les plus modestes... " et à cette " France qui peine, qui produit ". Henri Emmanuelli s'exclamait : " N'oublions pas qu'il y a encore dans ce pays 28 % d'ouvriers ! C'est à eux que nous devons nous adresser pour réveiller l'apathie de l'électorat ". Pierre Mauroy, cet ancien Premier ministre de Mitterrand qui avait décidé à l'époque le blocage des salaires, déclarait de son côté que " nous devons parler plus fort aux travailleurs. Lionel, il faut que tu adresses un message à la France qui travaille ". Et Julien Dray, député PS de l'Essonne, dans le quotidien Le Parisien du 24 mars, prenait un ton presque " lutte de classes " : " La priorité pour la gauche c'est d'abord tous ceux qui subissent la dure loi des conditions de travail et de vie imposées par le baron Ernest " (le dirigeant du Medef).

Evidemment, cela ne signifie pas que ces dirigeants du PS, Jospin en tête, prennent des engagements sur les problèmes vitaux des travailleurs, comme le chômage, la précarité, les salaires. Et encore moins qu'ils les tiennent. Il ne s'agit que de gauchir les discours, juste ce qu'il faut pour récupérer quelques voix, au moins au second tour. Selon Jospin, le 22 mars, sur Europe 1, " beaucoup d'hommes et de femmes qui choisiront Arlette Laguiller savent que c'est seulement en votant pour moi au second tour qu'ils ont une chance de voir prise en compte une partie au moins de leurs exigences ". Mais quand les dirigeants du Parti Socialiste auraient-ils pris en compte, même une partie des exigences des travailleurs qui avaient voté pour eux ? Y compris en respectant les rares engagements qu'ils avaient pris en 1997 ?

Jospin a-t-il pris en compte les " exigences " des travailleurs de l'usine Renault, à Vilvoorde, lui qui avait promis d'empêcher la fermeture de cette usine ? A-t-il pris en compte " les exigences " des travailleurs qui ont manifesté durant tout l'hiver 1995 contre le plan Juppé, lui qui a continué à l'appliquer une fois élu ? A-t-il pris en compte " les exigences " de tous les licenciés de Michelin, de Moulinex, de Danone et d'ailleurs ? Bien au contraire, il n'a rien fait alors qu'il aurait pu décider d'interdire ces licenciements.

Henri Emmanuelli a déclaré, lors de la visite de Jospin dans les Landes : " Je suggère à ceux qui ont du mal à voir les différences entre la droite et la gauche d'appeler le service d'information du Medef. Ils seront fixés. " Mais quand le patron du Medef, le baron Seillière, qui appartient à la famille De Wendel, une des quarante familles plus riches du pays, a mis à la porte les travailleurs d'AOM ou de Valéo, ces entreprises dont il était le principal actionnaire, qui, au gouvernement, s'est opposé à lui pour tenter d'empêcher ces licenciements ?

Alors, nul besoin de téléphoner au Medef pour savoir que le gouvernement a toujours été du côté du patronat contre les travailleurs. Ce que ces hommes politiques ont fait pendant toutes ces années permettent de les juger bien plus sûrement que leurs quelques déclarations préélectorales.

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