Guigou parle de régionaliser la santé pour faire passer ses restrictions29/03/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/03/une1757.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Guigou parle de régionaliser la santé pour faire passer ses restrictions

Le 18 mars, Elisabeth Guigou, ministre de l'Emploi et de la Solidarité, qui chapeaute la santé et la Sécurité sociale, a tenu à défendre, à l'occasion du lancement des nouveaux Schémas régionaux d'organisation sanitaire, les SROS, le principe d'une régionalisation accrue de tout le système de santé. Les déclarations de la ministre augurent mal pour l'avenir des hôpitaux publics, qui sont régis à travers la mise en place de ces schémas régionaux. Depuis des années, c'est à travers cette " régionalisation " que les gouvernements successifs ont organisé la fermeture de nombreux hôpitaux de proximité et opéré des restrictions majeures dans tous les services de santé publique à travers le pays.

D'ailleurs cet objectif de restriction des moyens pour les hôpitaux publics est partagé par les deux candidats : Jospin, dont Guigou est la ministre, et Chirac, qui souhaitent l'un comme l'autre remplacer les Agences régionales de l'hospitalisation par des Agences régionales de la santé afin, disent-ils, " de permettre une meilleure coordination entre la médecine de ville et la médecine hospitalière ". Dans ce cadre, précise Guigou, quant à elle, " il faudra faire une plus grande place à la médecine libérale ", ajoutant : " Je crois fortement au développement de l'hospitalisation à domicile, qui peut permettre de rassembler les compétences hospitalières et libérales dans le respect du mode d'exercice de chacun ". Ce qu'il faut traduire, c'est qu'au lieu de mettre les personnels et les établissements nécessaires pour accueillir dans des conditions dignes les malades qui en ont besoin, au nom de cette " humanisation " on va continuer à fermer en masse des services à travers tout le pays. Car, dans bien des régions, les moyens élémentaires de la prise en charge à domicile des patients n'existent pas et, quand cela existe, cela dépend souvent d'associations en marge du système de santé, avec des personnels surexploités.

D'ailleurs Guigou reconnaît elle-même que son programme ne vise qu'à amplifier les fermetures de services hospitaliers, car elle prend pour exemple ce qui s'est fait dans la dernière période dans le domaine des maternités et des urgences. Et ce que sa comparse Martine Aubry a fait avant elle, dans la continuité du plan Juppé, c'était organiser la fermeture de très nombreuses maternités dans tout le pays, édictant même un décret pour accélérer ces fermetures en leur donnant une base légale obligatoire. Même chose pour les services d'urgences.

En fait, cette référence à la nécessité d'une régionalisation des moyens de santé est d'autant plus choquante et provocatrice que bien des régions manquent aujourd'hui tragiquement de personnels, de médecins, de spécialistes et même de simples anesthésistes, ce qui remet en cause le simple maintien des services chirurgicaux existants et des services d'urgences.

Les pénuries dramatiques qui touchent l'hôpital public, tant en personnel qu'en moyens matériels, alors qu'il doit en plus compenser les abandons et les démissions volontaires de toute une partie de la médecine libérale aujourd'hui, Guigou comme Jospin n'en ont rien à faire. Leur préoccupation essentielle est, comme il est dit, de " favoriser les rapprochements entre établissements publics et privés ". Cela signifie mettre à la disposition des patrons des cliniques privées, souvent de gros trusts ou fonds d'investissement, les moyens de s'enrichir en se servant des investissements des hôpitaux publics, payés avec les cotisations des salariés et retraités.

Mettre à la raison tous ces gouvernants qui, dans un domaine vital comme celui de la santé publique, tournent le dos aux besoins les plus urgents de la population, ce serait faire oeuvre de salubrité publique.

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