Allemagne : Démagogie xénophobe autour de la loi sur l'immigration29/03/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/03/une1757.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Tribune de la minorité

Allemagne : Démagogie xénophobe autour de la loi sur l'immigration

En Allemagne, la nouvelle loi sur l'immigration a été votée le 22 mars, après un débat houleux au Bundesrat où le gouvernement du chancelier Schröder n'a obtenu la majorité qu'en considérant que les représentants du Land de Brandebourg (la région autour de Berlin) approuvaient ce projet de loi. Or ce Land est dirigé par ce qu'on appelle outre-Rhin une grande coalition, c'est-à-dire que le parti social-démocrate SPD et le parti de droite CDU gouvernent ensemble. La cohabitation n'est en effet pas une spécificité " française " et, pour prendre des mesures en faveur des possédants, cela ne gêne en rien les deux partenaires.

Mais dans la campagne électorale qui s'engage (les législatives sont prévues en septembre), la droite s'est choisi un candidat à l'image réactionnaire, l'actuel ministre-président de la Bavière Edmund Stoiber, et a choisi de faire de l'immigration un de ses thèmes de campagne. Résultat : au Bundesrat, le ministre-président SPD (social-démocrate) du Land de Brandebourg a voté pour le projet de loi, mais le ministre de l'Intérieur de droite (CDU) du même Land a voté contre. Or normalement les représentants d'un Land doivent voter de la même façon pour que leurs voix soient prises en compte. Et le président du Bundesrat a considéré que le Land avait, globalement, voté pour.

Ce qui pourrait n'être qu'un vaudeville politicien n'est peut-être pas terminé, car le président de la RFA doit encore ratifier la nouvelle loi. Mais, au-delà des débats qui ont eu lieu au Bundesrat, chambre encore moins représentative - si l'on peut dire - de la population que ne peut l'être le Sénat en France, et malgré les vociférations de la CDU-CSU qui crie au scandale, cette loi n'est nullement destinée à ouvrir les frontières de la riche Allemagne. Si elle reconnaît que l'Allemagne est une " terre d'immigration " - avec aujourd'hui 7 millions d'immigrés sur son sol (et environ un million de clandestins), il serait difficile d'affirmer le contraire - , elle n'entrouvre les portes du pays que dans des conditions bien limitées.

En réalité ce que veut le gouvernement, c'est pouvoir sélectionner uniquement des immigrés possédant une qualification, afin de répondre à certains besoins de main-d'oeuvre du patronat. On pourra ainsi faire venir du Tiers Monde, sans avoir à assumer la charge de leur formation, des travailleurs, des techniciens, voire des ingénieurs déjà diplômés. La riche Allemagne n'aura pas à assurer leur formation, ils seront moins payés que leurs collègues germaniques et ils manqueront cruellement dans leurs pays d'origine.

Voilà donc le projet concocté par le Parti Social-Démocrate, qui a été discuté depuis des mois avec la CDU, qui n'avait pendant tout un temps manifesté aucune opposition de principe. La réaction actuelle de la droite est donc uniquement à usage électoral et augure des thèmes aux relents nationalistes et xénophobes qui risquent bien de dominer la campagne électorale qui s'engage.

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