Alcatel Brest : Manifestation contre la vente de l'usine29/03/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/03/une1757.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Alcatel Brest : Manifestation contre la vente de l'usine

L'usine Alcatel Business System de Brest qui compte plus de 1000 salariés, intérimaires compris, est sur le point d'être vendue à Jabil Circuit. Samedi 23 mars les salariés appelaient à manifester dans la ville. Depuis qu'ils ont appris que leur usine devait être vendue, ils débrayent et manifestent régulièrement. Lundi 18 mars ils s'étaient rendus à la mairie de Brest, tenue par le Parti Socialiste, car ils estiment que les pouvoirs publics n'ont pas à se laver les mains de leur situation. Depuis, une banderole flotte au fronton de la mairie.

La manifestation du 23 mars a regroupé environ 1500 personnes. Outre de nombreux salariés de l'usine, on comptait des représentants de la sous- traitance dans la construction navale, dont les effectifs sont au plus bas depuis plusieurs années, des salariés de Solectron à Pont-de-Buis et Douarnenez, qui sont menacés de licenciements par dizaines après la vente de leurs usines, et des travailleurs de Bastide Électronique à Morlaix dont l'entreprise est en liquidation judiciaire. Beaucoup de militants étaient venus marquer leur solidarité.

À l'usine, l'ambiance n'est guère au travail et plus grand-chose n'est produit. Il faut craindre en effet que cette vente ne cache un plan de licenciement différé. De débrayages en manifestations, la préoccupation de tous est d'obtenir des garanties concernant le maintien des emplois et des conditions qu'offrait Alcatel jusque-là pour le départ anticipé des plus anciens.

Le directeur d'Alcatel Brest prétend que Jabil Circuit offrirait le maximum de chances de trouver, dans les années qui viennent, des productions industrielles permettant de garantir les emplois, en dépit de la baisse d'activité dans le secteur de l'électronique. Mais tout le monde est persuadé qu'il ment. Une représentante de la CGT a rappelé que ce groupe est " un clone de Solectron ", qu'il est connu pour acheter ou revendre des entreprises dans le secteur de la sous-traitance électronique en fonction du profit immédiat qu'il peut en tirer. Bien plus que d'activité industrielle, c'est d'une activité de charognard qu'il s'agit. L'an dernier, 2700 salariés de Jabil Circuit ont été licenciés. Dans de telles conditions, quand la direction de Jabil Circuit prétend avoir pour devise " produire est notre métier ", cela n'a rien de vraiment rassurant.

Cuillandre, député-maire de Brest, était présent dans les rangs des manifestants. Il avait fait savoir qu'il avait dans la semaine une entrevue prévue avec le ministre de l'Industrie. Mais il s'est bien gardé de s'expliquer quant à la politique du gouvernement socialiste qui, de Michelin à Danone, s'est toujours déclaré impuissant à empêcher les grandes entreprises de licencier quand bon leur semble, solidaire qu'il est de leurs politiques de réduction des effectifs.

De ces gens-là, les travailleurs n'ont guère que de belles paroles à attendre. L'interdiction des licenciements, la levée du secret commercial et du secret bancaire, la transparence de la comptabilité des entreprises, il faudra les imposer sans compter sur eux.

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