Afghanistan : Nouvelle offensive occidentale - Menaces pour la population29/03/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/03/une1757.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Tribune de la minorité

Afghanistan : Nouvelle offensive occidentale - Menaces pour la population

Les premiers pelotons d'un nouveau contingent de 1 700 marines britanniques ont commencé à arriver à Kaboul le 23 mars. C'est à cette occasion que le public britannique a appris avec une certaine stupéfaction que les effectifs britanniques en Afghanistan - désormais 6 400 hommes - allaient dépasser pour la première fois ceux des troupes américaines.

Seulement, cette fois-ci, il n'est plus question pour le Premier ministre travailliste Tony Blair de prétendre que ses troupes ne sont là que pour de simples opérations de " renseignement ". Plus question non plus de les décrire comme de braves " soldats de la paix " à qui on fait repeindre les écoles devant les caméras de télévision. Comme l'a déclaré Blair lui-même à la presse, les marines britanniques seront au premier rang d'opérations de " ratissage ", dont le début est prévu pour la mi-avril, pour réduire les poches de résistance que l'état-major américain ne cesse de découvrir dans diverses régions du pays.

Bien sûr, comme il leur faut bien légitimer cette nouvelle offensive en la présentant comme un nouvel épisode de la " guerre contre le terrorisme ", les états-majors continuent à attribuer les foyers de résistance à " al-Qaida ". Blair est même allé jusqu'à justifier l'intervention britannique par la prétendue découverte d'un laboratoire d'armes bactériologiques, lors de la récente " opération Anaconda ". Il est vrai que le Pentagone a aussitôt infligé un démenti humiliant à son allié favori : preuve qu'à Washington, on ne tolère les surenchères que venant de Bush.

Mais en fin de compte, celui qui aura été le plus honnête à propos de l'offensive qui se prépare est sans doute le ministre des Affaires étrangères britannique Jack Straw - une honnêteté marquée, il est vrai, par la morgue et le mépris d'un loyal serviteur de l'impérialisme pour les peuples. Interrogé le 24 mars par un présentateur de télévision, Straw a reconnu que l'engagement militaire britannique durerait " aussi longtemps que nécessaire ", tout en ajoutant qu'il fallait plutôt comparer l'Afghanistan au Sierra Leone qu'au Vietnam - comparaison qui se veut rassurante pour l'opinion anglaise, mais qui ne l'est sûrement pas pour la population afghane.

Car cela fait maintenant cinq ans que l'armée britannique intervient directement et indirectement au Sierra Leone, pour y maintenir au pouvoir, par la force, un régime fantoche dont le seul mérite est d'avoir l'assentiment de l'impérialisme et de la multinationale diamantaire De Beers. Mais pour autant son intervention n'a pas empêché le pays de continuer à être mis à feu et à sang par des cliques rivales luttant pour le pouvoir, et surtout pour le contrôle des zones diamantifères, ni la population de payer cette guerre de souffrances effroyables.

Est-ce là l'avenir que l'impérialisme réserve également à la population afghane ? Un avenir fait d'une guerre interminable entre gangs rivaux dans le pays, alimentée sinon provoquée par la protection militaire accordée par les dirigeants impérialistes au régime qu'ils ont choisi d'installer et de maintenir au pouvoir dans la capitale ?

On peut se le demander, quand on voit l'ex-roi Zaher Shah repousser une nouvelle fois son départ pour Kaboul, par crainte que les soldats italiens chargés de sa protection en Afghanistan n'y suffisent pas, tandis que les dirigeants américains poussent dans le même sens, craignant que l'arrivée de l'ex-roi ne déstabilise un équilibre déjà fragile au sein du régime qu'ils ont mis eux-mêmes en place. Et ceci sans parler, par exemple, des rivalités sanglantes entre " commandants " afghans engagés aux côtés des forces américaines dans l'" opération Anaconda ", qu'a rapportées la presse.

Ce qui est sûr c'est que les dirigeants impérialistes se préparent, et préparent leur opinion publique, à un tel pourrissement de la situation, avec une totale indifférence pour le sort dramatique qui en résulterait pour le peuple afghan.

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