Plus de 3 millions de mal-logés22/03/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/03/une1756.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Plus de 3 millions de mal-logés

Selon un rapport récemment rendu public par la Fondation Abbé-Pierre, il y aurait encore plus de 3 millions de mal-logés en France à l'heure actuelle, 86 000 personnes qui sont carrément sans domicile fixe, 200 000 personnes qui sont, selon les termes de cette enquête, " aux portes du logement ", qui habitent des cabanes, des baraques de chantier pour 41 000 d'entre elles, logent à l'hôtel, habitent chez des proches faute d'autre solution.

500 000 personnes sont en " habitat temporaire ou provisoire " c'est-à-dire habitent en sous-location ou en hôtel meublé, ce dernier mode d'habitat, si on peut parler ainsi, ayant explosé ces dernières années à cause de " l'insuffisance " du parc HLM et de la saturation des dispositifs d'accueil d'urgence. 1 900 000 personnes vivent dans des logements dépourvus de confort, sans douche ou sans WC, voire dépourvus des deux. Et 600 000 personnes vivent dans une situation de surpeuplement critique.

Le plus frappant, c'est que les victimes de cette situation sont essentiellement les plus vulnérables parmi la classe ouvrière, des personnes qui, faute de revenus suffisants ou suffisamment réguliers, sortent des critères d'attribution des logements sociaux, ne sont pas acceptées par les agences de location, ou bien n'arrivent pas à payer des loyers dont le montant est trop élevé. On voit se développer des situations aberrantes, comme par exemple celles de familles vivant à l'hôtel et dépensant ainsi le double ou le triple d'un loyer, pour une chambre où il est interdit de cuisiner ; ou encore pire, des familles qui campent à l'année, par exemple dans le sud du pays, dans les Bouches-du-Rhône, mais aussi dans des régions au climat nettement moins clément, le Nord, la Normandie, la Bretagne.

Ces situations reflètent ce que montrent d'autres enquêtes : une grande partie des travailleurs sont devenus précaires, et quand ils ne sont pas précaires, ils sont devenus ce qu'on est convenu d'appeler " des travailleurs pauvres ", gagnant souvent moins que le salaire minimum. C'est le cas de nombre de jeunes, de femmes, d'immigrés, et ce sont aussi eux les mal-logés. Une misère qui ne provient pas du hasard, mais du fait que depuis des années, le patronat a réussi à abaisser le niveau de vie des travailleurs, et pour cela il a trouvé des relais auprès des gouvernements.

Il en est de même en ce qui concerne le logement. Ce n'est pas par hasard que le parc social est insuffisant. C'est parce qu'en ce domaine aussi la politique du gouvernement s'est bornée à laisser les riches s'enrichir. Un exemple est ce qui s'est produit avec la prétendue " lutte contre l'exclusion ". Une loi a été votée en 1998, sous ce nom. Une secrétaire d'État socialiste au Logement, Marie-Noëlle Lienemann, n'a pas manqué de mots, l'an dernier (juste avant les municipales...), pour annoncer qu'on allait se servir des dispositions de cette loi pour réquisitionner les logements vides. Résultat : ...2 millions de logements sont toujours vacants, selon l'Insee, dans tout le pays. Rien qu'à Paris, il y en aurait 134 000 alors qu'il y a 100 000 demandeurs de logements sociaux.

Alors, si les salariés les plus pauvres ne trouvent pas de logement, ce n'est pas faute de possibilités matérielles, c'est parce que ceux qui sont au pouvoir s'y sentent sans doute, eux, encore trop douillettement logés !

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