Chirac, Jospin : Circulez, y a rien à voir dans leur programme22/03/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/03/une1756.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Chirac, Jospin : Circulez, y a rien à voir dans leur programme

On ne peut pas dire que la publication du programme de Lionel Jospin ait constitué une surprise, pas plus que la publication, quelques jours plus tôt, du programme de son rival, Chirac. Même si Jospin bat Chirac au nombre de pages, c'est match nul, vraiment nul, pour ce qui concerne le contenu.

Jospin promet donc 900 000 chômeurs de moins... dans cinq ans. Faut-il rappeler qu'il y en a actuellement 2 millions 200 000 officiellement recensés ? Et qu'il s'en crée de nouveaux chaque jour, produits par les plans de licenciements incessants. Comment Jospin atteindra-t-il son minable objectif en ce domaine ? Il s'en moque. Il propose d'instaurer " une formation permanente, sur toute la vie ". Comme si le chômage, qui se perpétue depuis des années au-dessus de la barre des deux millions, avait à voir avec le manque de formation des privés d'emploi ! Si c'était vraiment le cas, ce ne serait pas quand ces chômeurs ont atteint 30, 40, 50 ans qu'il leur faudrait une formation mais dès le départ, auprès des jeunes, dès la petite enfance, en donnant aux jeunes enfants une culture générale de base riche et variée qui leur fournirait les moyens de s'adapter aux postes proposés. A condition toutefois qu'ils puissent toucher un salaire qui leur permette de vivre. Mais de cela Jospin ne parle pas. Preuve que le chômage, actuel et futur, n'est nullement au coeur de ses préoccupations. Pas plus que dans les préoccupations de son clône de droite, Chirac.

Il parle aussi de diminuer de moitié, en cinq ans, cette injustice fiscale que constitue la taxe d'habitation. Mais diviser en deux une injustice n'est pas la supprimer. Et pourtant, des injustices fiscales, il y en a, et qui pèsent bien plus lourdement encore sur les moins riches, à commencer par la TVA, la TIPP (la taxe sur les carburants) et tous les impôts indirects. Jospin aurait pu au moins promettre de s'y attaquer et, pour compenser le manque à gagner de l'État, proposer de taxer fortement les plus riches. Mais s'en prendre aux riches est manifestement une incongruité pour les Jospin, Fabius, Strauss-Kahn.

Quant à la promesse de faire qu'il n'y ait plus un seul SDF d'ici 2007, personne n'y croit. Ni les associations de mal-logés ni même le candidat, qui a rectifié le lendemain même de cette annonce, précisant qu'il en resterait quand même quelques-uns en 2007. Jospin aurait été un petit peu plus crédible s'il avait décidé, dans l'immédiat, d'interdire les expulsions qui, avec l'arrivée du printemps, sont de nouveau légalement autorisées.

Et puis, pourquoi n'avoir pas engagé un plan de construction de logements sociaux ? Pourquoi ne pas s'être engagé à imposer les augmentations de salaire, de pension, de retraite qui donneraient aux plus démunis le moyen d'accéder à des logements décents ? Car, s'il manque de logements, les moyens de pouvoir accéder à ceux qui existent manquent aussi.

Jospin tout comme Chirac ont choisi de prendre le moins d'engagements possible. Surtout à l'égard de la population laborieuse. Après tout, n'est-ce pas le meilleur moyen de limiter les reniements futurs ?

Cela n'empêche pas les dirigeants du PCF de discerner dans les prises de position de Jospin un infléchissement positif, qu'ils trouvent cependant trop flou. Ainsi peut-on lire dans l'éditorial de L'Humanité du 20 mars : " (...) manifestement le propos (de Jospin) du début de campagne plaçant le curseur au centre, a été corrigé. " Myopie ou strabisme ? Il faut de curieuses lunettes pour voir dans les déclarations de Jospin une correction à gauche. Le dicton " l'espoir fait vivre " amène à de cruels déboires, les dirigeants du PCF devraient s'en souvenir. D'autant que ce ne seraient pas les premiers.

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