Bull : L'état subventionne les licenciements22/03/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/03/une1756.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Bull : L'état subventionne les licenciements

L'état, une nouvelle fois, va avancer 350 millions d'euros au groupe informatique Bull, somme qui servira avant tout à financer un plan de réduction d'effectifs de 1 500 travailleurs sur les 10 000 que compte la société.

Subventions et licenciements vont de pair chez Bull. Déjà, en 2001, l'Etat avait versé 100 millions d'euros et 1 600 postes avaient été supprimés. Le PDG trouve les effectifs encore trop " pléthoriques ", et propose comme solution aux pertes affichées par sa société un remède maintes fois utilisé : de l'argent pris aux contribuables, accompagné d'une nouvelle réduction d'effectifs.

Les autres actionnaires de Bull ont refusé de mettre, eux, un seul centime dans l'opération. L'américain Motorola, le trust japonais Nec et France Télécom possèdent pourtant chacun environ 17 % du capital, tout comme l'Etat français. Mais ils n'y jouent pas le même rôle. L'Etat avance l'argent, quitte à ne jamais le récupérer. Eux sont là pour empocher bénéfices et plus-values boursières quand il y en aura.

Il y a bien longtemps que Bull fonctionne comme une pompe à subventions au profit des grands groupes capitalistes. Depuis 1966, plus de 8, 25 milliards d'euros ont été versés en aides d'État. Les grands noms du capitalisme français se sont alimentés à cette source. Schneider, la Compagnie Générale d'Electricité, Thomson, Saint-Gobain furent actionnaires de Bull avant sa nationalisation. Lorsque celle-ci intervint en 1982, les propriétaires furent copieusement indemnisés et purent investir l'argent récupéré ailleurs. Mais cette nationalisation de Bull n'empêcha pas les licenciements.

Entre 1991 et 1993, sous des gouvernements socialistes, six usines sur treize furent fermées, dont celles de Belfort et de Joué- lès-Tours. Les effectifs furent réduits de 25 %. Ceci fait, rendue du coup plus attractive pour les investisseurs, Bull fut mise sur la liste des entreprises privatisables. Après une nouvelle injection d'argent frais en provenance des contribuables, son capital fut ouvert aux sociétés privées par Balladur en 1995, et deux ans plus tard ces sociétés privées prirent la majorité. L'Etat ne gardait que 16,3 % des actions... et le droit d'allouer toujours plus d'argent.

Aujourd'hui, la même politique continue, sur le dos des travailleurs qui vont perdre leur emploi comme sur celui de la population, dont les impôts financent ces cadeaux aux grands trusts.

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