Auxerre : Une indifférence sociale22/03/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/03/une1756.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Auxerre : Une indifférence sociale

Tout, dans l'affaire des disparues de l'Yonne, porte à la nausée. Dix-sept jeunes filles - peut-être plus -, la plupart pensionnaires d'un institut médico-éducatif d'Auxerre pour handicapés, ont disparu sans que personne ne s'en soit vraiment inquiété. Et cela, sur une période s'étalant sur plus de vingt ans. Il s'agissait de jeunes filles placées par la DASS, handicapées légères, issues de milieux défavorisés.

Des dossiers qui disparaissent, des non-lieux vite bouclés, un gendarme qui enquête et persévère malgré tout dans un désert d'indifférence. Et les années qui passent. Et un assassin présumé qui échappe de peu à la prescription.

Les magistrats ne se reprochent rien. Ils n'ont pas manqué à l'honneur, disent-ils. Il n'y avait pas de plaintes des familles ! Des jeunes filles qui fuguent, qui disparaissent, il y en a des centaines chaque année, pourquoi auraient-ils dû s'inquiéter de celles d'Auxerre ?

Aujourd'hui, il est bien difficile de démêler les fils de cette ou de ces sombres affaires. Certes, les familles des victimes se sont organisées et l'affaire a ressurgi sur la place publique. Mais, malgré les déclarations et le remue-ménage judiciaire, on ne peut s'empêcher de remarquer que les carences, les retards, les omissions, l'indifférence manifestés au cours de tant d'années témoignent d'une attitude sociale : les victimes n'intéressaient personne car c'étaient des enfants de la DASS, des handicapées, des victimes potentielles.

Le droit est bien au service d'une société de classe.

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