Afrique : Les dictatures que la France condamne et cezlles qu'elles soutient...22/03/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/03/une1756.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Afrique : Les dictatures que la France condamne et cezlles qu'elles soutient...

Par la voix de son ministère des Affaires étrangères, la France condamne la réélection de Robert Mugabé, le dictateur-président sortant du Zimbabwe, réélu avec 56,2 % des voix, estimant que le déroulement de l'élection présidentielle début mars n'avait été ni libre ni juste ! Mais il ne souffle mot en revanche sur celle de Denis Sassou Nguesso, élu à sa propre succession à la tête du Congo-Brazzaville avec 89,41 % des voix ! Un silence qui s'explique par le fait que la France est le premier partenaire commercial et financier du Congo-Brazzaville notamment dans le domaine pétrolier...

Scrutin truqué, fraude massive, absence de bureaux de vote, intimidation et violences contre les électeurs ont, certes, entaché le scrutin électoral du Zimbabwe. Mais il faut dire surtout que dans cette élection, c'est le candidat semi-officiel de l'Occident, principal adversaire de Mugabé, qui a été battu au grand dam des chancelleries occidentales.

En revanche, au Congo-Brazzaville, Matignon a tout lieu d'être satisfait puisque son " poulain " est passé. Alors, de là à " oublier " les conditions du scrutin... L'élection présidentielle au Congo-Brazzaville n'a pourtant guère été plus régulière même si elle a bénéficié de l'aide technique de l'Union européenne, cautionnant ainsi un simulacre de scrutin. Les principaux opposants à la dictature ont jeté l'éponge faute de garanties démocratiques suffisantes. La loi électorale a été taillée sur mesure pour le dictateur sortant. Le recensement des électeurs a fait l'objet de fraudes grossières. A cela se sont ajoutées l'occupation militaire des sièges des partis d'opposition, l'interdiction de réunions et de manifestations politiques ; tandis que le racket des forces de sécurité, organisé par les chefs militaires et policiers, interdisait tout déplacement des chefs de l'opposition pour aller à la rencontre de leurs électeurs en province.

Sassou Nguesso peut se vanter d'avoir réussi son opération : transformer en " victoire électorale " sa victoire militaire sur ses principaux adversaires Pascal Lissouba, l'ancien chef de l'Etat, Bernard Kolelas et Joachim Yhombi Opango au prix d'une terrible guerre civile entre 1994 et 1997 qui a fait plusieurs dizaines de milliers de morts ! On pouvait lire dans France-Soir, du 16 mars dernier : " Vive Sassou III ! Le troisième du nom possède une différence de taille avec ses prédécesseurs : il a été élu légalement et démocratiquement. Denis Sassou Nguesso, avec un score de 89,41 % en sa faveur lors de l'élection présidentielle (...) peut désormais balayer d'un geste toute critique sur sa légitimité ".

Cette " élection présidentielle " truquée vise, en effet, à redorer le blason de la dictature congolaise pour qu'elle devienne un peu plus fréquentable sur le plan international. Les liens avec les Etats africains voisins, le FMI et la Banque mondiale ont été réactivés. L'impérialisme français n'a pas ménagé ses efforts pour en arriver là, hier, en apportant son soutien militaire et financier à Sassou Nguesso pour lui permettre de s'emparer du pouvoir dans un bain de sang, et, aujourd'hui, en cautionnant cette mascarade électorale.

Depuis 1997, la France a mis les bouchées doubles pour réhabiliter son protégé - intérêts politiques et financiers obligent, l'accueillant en " visite privée " à Paris, l'invitant au sommet France-Afrique, dépêchant sur place, en Afrique équatoriale, le ministre délégué à la Coopération et à la Francophonie pour développer les " relations bilatérales " ! Et qui dit aides " bilatérales " dit aide à la dictature tout court, en formant police et gendarmerie et en réorganisant l'armée ! C'est à ce prix que la compagnie pétrolière française TotalFinaElf peut continuer le pillage du pétrole congolais en toute opacité et tranquillité.

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