UD-CGT du val de Marne : Un congrès syndical animé15/03/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/03/une1755.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

UD-CGT du val de Marne : Un congrès syndical animé

Les 6, 7 et 8 mars s'est tenu à Villejuif, en région parisienne, le 15e congrès de l'Union Départementale CGT du Val-de-Marne. Avec près de 19 000 syndiqués, cette UD est l'une des plus importantes de la confédération. Plus de 500 militants, délégués par leur syndicat ou section syndicale, ont participé aux débats, avec une représentation à peu près égale entre travailleurs du public et du privé et, parmi ces derniers, de nombreux jeunes syndiqués, hommes et femmes, du secteur du commerce (notamment McDonald's) et de la grande distribution.

Beaucoup de questions mais peu de réponses

Dès le début, le débat a été très animé et des critiques ont été formulées, tant par rapport à la politique menée par la confédération que vis-à-vis du gouvernement. Ainsi, une salariée du secteur santé, se faisant le porte-parole de ses camarades, a regretté que la lutte du personnel hospitalier n'ait pas été suffisamment soutenue par la confédération ; elle aurait souhaité que la lutte du personnel de santé s'intègre dans un mouvement d'ensemble des travailleurs. Un militant du personnel communal d'une grande ville du Val-de-Marne a dénoncé la tiédeur de certains militants ou structures dans l'organisation de la lutte pour la défense des revendications des personnels communaux, notamment dans les municipalités gérées par la gauche plurielle. Un ouvrier d'une entreprise de Bonneuil en lutte contre les licenciements collectifs a posé sans ambages la question : " Comment lutter ? ".

Et c'est là qu'un tel congrès a vite montré ses limites. Tout au long de ces trois jours, la plus grande liberté de ton et d'expression est allée de pair avec une absence réelle de débats sur le fond, du fait de l'attitude de la direction de l'UD qui, à quelques exceptions près, ne voulait pas ce débat. Cela a été particulièrement significatif lors de l'intervention à la tribune du secrétaire national de la CGT, Bernard Thibaut. Alors qu'il s'adressait à 500 militants préoccupés par des questions telles que le bilan de la réduction du temps de travail, les licenciements, l'attitude de la confédération vis-à-vis des fonds d'épargne salariaux ou la politique menée par le gouvernement, il s'est contenté de quelques considérations, certes justifiées, sur la nécessaire syndicalisation, mais qui ne répondaient pas vraiment aux attentes de nombreux congressistes. Il a d'ailleurs réussi le tour de force de ne pas s'exprimer sur la politique menée par le gouvernement, tout en affirmant, à deux reprises : " Je n'éluderai pas cette question, j'y reviendrai ", pour finalement... partir.

Fonds de pension et fonds d'épargne salariale, quelle différence ?

Cette question est revenue souvent tout au long des deux premiers jours de débat. En effet, si la confédération rejette catégoriquement l'idée des fonds de pension, en revanche son attitude est plus équivoque vis-à-vis des fonds d'épargne salariaux.

Certes, elle s'affirme " contre ", mais tout en indiquant que la loi qui les institue est une réalité et que, en conséquence, il faut participer au comité national mis en place à ce sujet " pour mieux les contrôler ", partant du principe " qu'à la CGT on ne pratique pas la politique de la chaise vide ".

Pourtant, comme l'a dit un militant, " les fonds d'épargne salariaux sont le cheval de Troie des fonds de pension : il suffira de quelques mesures techniques et juridiques pour leur faire jouer le même rôle ". Bien d'autres militants de secteurs différents ont exprimé la même préoccupation et ont été à chaque fois vivement applaudis, ce qui montre bien la sensibilité des travailleurs syndiqués à ce sujet.

Le "nouveau statut des salariés"

Aux travailleurs qui se posent la question de comment lutter contre les licenciements collectifs, la confédération répond en proposant un nouveau statut des salariés, statut qui leur garantirait à vie un emploi et le maintien des droits acquis avant leur licenciement, quelle que soit l'entreprise qui les reprendrait. En l'absence de toute proposition sur la façon d'imposer une tel statut, cela est parfaitement surréaliste, et un militant a répondu : " Cela ne répond en rien aux besoins immédiats des travailleurs des entreprises que les patrons licencient par milliers ". " C'est l'interdiction des licenciements qu'il nous faut obtenir ", a-t-il poursuivi en ajoutant qu'il fallait " arracher une loi pour garantir cette interdiction et cela quel que soit le gouvernement qui sortira des prochaines élections ". D'autres interventions ont été dans le même sens.

Ces quelques exemples montrent l'ambiguïté qui règne et qui préfigure sans doute assez bien ce que sera le prochain congrès confédéral : chacun s'exprime, mais le débat de fond est soigneusement évité. À l'image même du document préparatoire au congrès de l'UD, suffisamment flou pour que chacun s'y retrouve, et du document final qui n'est qu'une " adresse aux syndiqués ".

Néanmoins, la forte présence militante, les préoccupations et positions affirmées permettent d'espérer que la réflexion des militants n'en reste pas là.

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