Des baisses d'impôts pour les plus riches !08/03/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/03/une1754.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Des baisses d'impôts pour les plus riches !

Fabius, ministre PS de l'Economie et des Finances, a critiqué les promesses fiscales de Chirac en disant que " ces baisses d'impôts représentent, chaque année pour les 300 000 foyers les plus riches de France, une baisse de 17 000 euros et pour les 15 millions de foyers les moins riches une baisse de 11 euros. Ce n'est pas parce qu'on est à l'approche des élections qu'il faut proposer n'importe quoi, des promesses pas vraisemblables, pas responsables et pas équitables ".

Mais qu'ont fait Fabius lui même et le gouvernement de gauche durant toutes ces dernières années ? Ils ont justement baissé les impôts pour les plus riches. En fait, droite et gauche ont dans ce domaine, comme dans tous les autres, la même politique, celle de faire payer le plus possible les classes populaires. Car l'impôt pèse essentiellement sur les pauvres.

L'impôt sur le revenu est le seul impôt un peu proportionnel. Mais ce n'est justement pas celui qui rapporte le plus : il vient, dans les recettes de l'Etat, loin derrière la TVA et la CSG. Et même cet impôt n'est pas fortement progressif. Ainsi le taux de la tranche la plus élevée du barème n'a cessé de baisser. Juppé a décidé une baisse de 56,5 % à 54 %, un cadeau de 23 milliards de francs aux plus riches. Et Jospin n'est pas revenu dessus. Le gouvernement a même envisagé, depuis, une baisse supplémentaire. Il faut rappeler que l'imposition de la tranche maximale était à 70 % en 1966. D'après un calcul de la CGT, le PDG de Vivendi, Jean-Marie Messier, pouvait gagner grâce aux réductions d'impôts prévues par le gouvernement 44 972 euros, soit 295 000 francs, c'est-à-dire trois ans de salaire d'un ouvrier payé à 1143 euros par mois (7500 francs) ! Quant aux 16 millions de contribuables qui ne paient pas d'impôt sur le revenu parce qu'ils ont des revenus trop faibles, ils paient des impôts quand même.

Il y a la CSG, que Jospin a étendue et dont il a augmenté le taux de 3,4 % à 7,5 %, et qui n'a pas été compensée pour tous par une baisse de cotisations. Le rendement de cet impôt dépasse maintenant le rendement de l'impôt sur le revenu. Il y a la taxe d'habitation qui ne tient compte que marginalement des revenus, la taxe foncière qui n'en tient pas compte du tout. Et le montant de ces impôts dans les communes populaires est parfois plus élevé que dans les communes " riches ".

La TVA et la taxe sur les produits pétrolier rapportent trois fois plus que l'impôt sur le revenu et quatre fois plus que l'impôt sur les bénéfices. Cette TVA a augmenté de deux points sous Juppé, augmentation sur laquelle Jospin n'est revenu qu'en partie, ne l'abaissant que d'un point. Au même moment, il a baissé très fortement, de 20,6 % à 5,5 %, le taux appliqué aux travaux d'entretien du logement, un allégement de 20 milliards de francs dont 30 % vont aux 10 % les plus aisés des ménages. Ces impôts indirects sont les plus injustes ; ils sont les mêmes pour Liliane Bettencourt, patronne de l'Oréal et première fortune de France, et pour un Rmiste. L'essentiel de l'impôt est bien payé par les classes populaires, alors que les gestes vis-à-vis des riches ont été nombreux en matière de fiscalité. Fabius a ainsi diminué l'impôt sur les bénéfices des sociétés : autour de 33 % aujourd'hui, il était à 50 % sous Giscard. Il y a eu encore la décision de Jospin de supprimer en cinq ans la partie de la taxe professionnelle qui se base sur les salaires. Et à cela, il faudrait ajouter toutes les aides publiques, 300 milliards de francs par an. Tout cet argent, c'est autant de moins pour financer les services publics dont la dégradation pénalise bien sûr plus les classes populaires. L'impôt qu'on ne fait pas payer aux riches, on le fait ainsi doublement payer aux pauvres. Il faudrait supprimer la TVA sur tous les produits de première nécessité, augmenter l'impôt direct sur les hauts revenus et imposer fortement les bénéfices des sociétés ; exactement le contraire de ce qu'ont fait tous les gouvernements depuis des années.

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