Avec les travailleurs ou contre eux08/03/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/03/une1754.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

Avec les travailleurs ou contre eux

Depuis que les deux duettistes Jospin et Chirac, qui se disputent le fauteuil présidentiel, sont entrés officiellement en campagne, ils ont entonné la même rengaine.

L'un, Chirac, promet que, s'il est élu, il réduira les impôts sur le revenu d'un tiers sur cinq ans. En admettant même qu'il tienne cette promesse, ce qui n'est pas dit, il oublie de préciser que l'impôt sur le revenu ne représente que moins de 20 % des impôts récupérés par l'Etat, et que la moitié des contribuables ne le payent pas, non pas parce qu'ils bénéficient d'un régime de faveur, mais parce que leurs revenus sont insuffisants pour être imposables. Pour ceux-là cette mesure sera sans effet. Les riches, par contre, en seraient les principaux bénéficiaires car cette baisse, s'appliquant aux tranches supérieures de cet impôt, leur procurerait une remise bien plus grande que celle d'un contribuable du bas de l'échelle. Mais surtout, ce que Chirac ne dit pas, c'est que le plus gros des recettes fiscales de l'Etat provient de l'impôt indirect, comme la TVA ou l'impôt sur le carburant, que tous, riches et pauvres, payent, qu'ils soient milliardaires ou salariés, chômeurs, retraités, Rmistes, en tant que consommateurs. Impôt injuste s'il en est puisqu'il pèse bien plus, proportionnellement, sur les pauvres que sur les riches.

Quant à Jospin, en matière de fiscalité, il a déjà donné... aux plus riches, au travers des mesures prises par son ami Fabius. Et il ne promet pas de revenir sur la politique de son ministre des Finances. Il est tout autant à l'unisson avec Chirac, lorsqu'il explique, comme il l'a fait sur TF1 dimanche, que sa " démarche est une démarche de réconciliation, une démarche de compromis entre ces deux France ", celle selon lui de " ceux qui créent, qui innovent, qui ont un poste sûr ", et celle de " ceux dont les revenus sont plus faibles, dont la situation est plus précaire, qui ont plus de mal à s'adapter à la mondialisation... " (comme si c'était de leur faute, s'ils ne trouvaient plus d'emploi !). Il nous refait là, avec d'autres mots, le coup de la " fracture sociale " que Chirac nous avait sorti en 1995. C'est se moquer du monde que de prétendre que ce qui a manqué à Moulinex-Brandt, chez Bata, à l'Alstom et dans bien d'autres entreprises, ce serait un manque d'esprit de conciliation.

Pour parler comme Jospin, c'est vrai qu'il y a deux France. D'un côté celle des exploiteurs, des financiers, des spéculateurs qui, grâce à la politique menée par le gouvernement, conjointement avec Chirac, a prospéré. Et de l'autre, celle de leurs victimes, les travailleurs, les chômeurs, les petits retraités.

Jospin tout comme Chirac ou comme Chevènement se placent dans le camp des adversaires du monde du travail. La solidarité qu'ils prêchent est à sens unique. Elle vise à nous faire accepter de nous incliner, sans réagir, devant les choix de nos exploiteurs, de nos licencieurs, actuels ou futurs.

Ces gens n'ont jamais été de notre bord. Ils sont, depuis longtemps, dans le camp du patronat. Ceux de droite ne l'ont jamais caché. Ceux qui se disent de gauche ne font même plus l'effort, aujourd'hui, de se prétendre du côté du monde du travail. Cela n'est pas une surprise. Désormais les choses sont claires, même pour ceux qui se faisaient encore des illusions.

Bientôt nous serons invités à donner notre avis. Eh bien donnons-le. En toute clarté, le plus fermement possible. Choisir entre Chirac et Jospin, c'est choisir la façon dont on enrobera les attaques contre nos retraites, nos emplois, nos salaires.

Il faut donc en profiter pour dire que nous en avons assez de ces représentants politiques qui, ouvertement ou de façon à peine déguisée, sont dans le camp du patronat.

Seule Arlette Laguiller est réellement dans le camp des travailleurs et elle seule représente les intérêts du monde du travail. Alors, voter pour elle, ce sera dire que nous avons conscience que le patronat et ses hommes de main politiques ne sont pas de notre monde, ce sera voter pour nous.

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