Montluçon-Cars (Allier) : - En grève depuis le 8 janvier01/03/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/03/une1753.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Montluçon-Cars (Allier) : - En grève depuis le 8 janvier

Montluçon Cars emploie 29 chauffeurs. Elle assure des ramassages scolaires, ainsi que certaines liaisons SNCF. Comme beaucoup d'autres dans la région, elle a récemment été rachetée par la CGEA, une filiale de Vivendi.

Du côté des actionnaires et des dirigeants, l'argent donc ne manque pas. Récemment, la CGEA s'est payé Vernet, le troisième transporteur français, qui emploie 3 500 personnes.

Mais du côté des salaires et des conditions de travail, c'est le 19e siècle. La convention collective de la profession, pourtant peu contraignante, est délibérément ignorée. Alors que l'amplitude de la journée de travail y est limitée à douze heures, voire quatorze heures avec une dérogation, Montluçon Cars fait couramment faire des journées de 15 h 30 d'amplitude, sans même prendre la peine de demander de dérogation. Quand les travailleurs ont demandé la copie des disques enregistrant leurs trajets, la direction a répondu... qu'elle ne savait pas où ils étaient ! Quant à l'augmentation des salaires prévue au 1er janvier, la direction l'a tout bonnement oubliée.

Alors, le 8 janvier, ça a été le ras-le-bol. Les salariés se sont majoritairement mis en grève, en demandant 15 % d'augmentation du salaire horaire, un treizième mois et l'application de la convention collective.

Jusqu'à présent, la direction a refusé toute négociation, craignant que des concessions ne fassent tâche d'huile dans les autres sociétés qu'elle possède.

Après 15 jours - et 15 nuits - d'occupation du dépôt, ce sont les grévistes qui ont été condamnés... pour entrave à la liberté du travail. Comme quoi, les juges font respecter certaines lois plus vigoureusement que d'autres !

Depuis, comme il est interdit d'employer des intérimaires pour remplacer des travailleurs en grève, la CGEA a embauché des intérimaires pour faire rouler ses bus à Bourges, et envoie tout simplement ses chauffeurs titulaires de Bourges rouler à Montluçon.

Sollicité à plusieurs reprises par les grévistes, le président du Conseil général, de droite, qui est le principal donneur d'ordres de la CGEA, s'est lavé les mains, en répondant que tout cela n'était pas de son ressort. Tout ce qu'il a trouvé est un simulacre de menace à l'égard de la CGEA : en cas de prolongation du conflit, il donnera le marché à la concurrence. Mais la " concurrence ", dans la région, ce sont uniquement d'autres entreprises appartenant à Vivendi !

Malgré la durée de la grève, les grévistes gardent le moral et restent décidés à tenir face à la morgue de la direction. Ils ont multiplié les actions auprès de la population et des parents d'élèves, rencontrant leur sympathie.

La direction mise sur le pourrissement et la lassitude. Mais elle déchante.

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