Aéroport de Roissy : Sous prétexte de sécurité, des salariés renvoyés15/02/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/02/une1751.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Aéroport de Roissy : Sous prétexte de sécurité, des salariés renvoyés

Le personnel travaillant à l'aéroport Charles-de-Gaulle est actuellement en butte à des tracasseries administratives : le renouvellement des badges d'accès opéré par mesure de sécurité donne lieu à un grand " nettoyage " parmi le personnel.

Sur tous les sites aéroportuaires, le personnel qui travaille dans des zones non accessibles au public doit circuler avec un badge. Jusque-là, celui-ci était renouvelé régulièrement. A la fin de l'année dernière, nous avons appris que tous les badges, même ceux en cours de validité, devront être refaits avant le 31 mars. Une des raisons évoquées serait qu'il y aurait beaucoup plus de badges en circulation à Roissy que les quelque 70 000 salariés qui y travaillent.

S'il ne s'agissait que d'une simple mesure de sécurité, personne n'y aurait rien trouvé à redire. Mais il y a autre chose.

Car si ces badges sont délivrés par les services des douanes et de la gendarmerie de l'aéroport, on voit des salariés les attendre plus des deux à trois semaines habituelles, se faire confisquer l'ancien badge sans avoir le nouveau et attendre encore sans explication. Des enquêtes sont refaites systématiquement pour chacun, avec ouverture des trois volets du casier judiciaire, les étrangers doivent présenter des papiers supplémentaires, etc.

Or, sans badge, pas moyen d'accéder à son lieu de travail et pas moyen de travailler ! Certains employeurs ont refusé l'accès et ont laissé hors de leur entreprise ceux qui n'avaient pas de badge, sans les payer ; des salariés ont été licenciés à cause d'une condamnation remontant à plusieurs années. C'est le grand nettoyage...

Pourtant, lors de l'élargissement de l'aéroport, les autorités s'étaient vantées d'embaucher les jeunes des cités. Eh bien, voici des centaines de jeunes (ou de moins jeunes) issus des cités autour de Roissy, qui avaient enfin pu trouver un travail, souvent dur et mal payé, avec des conditions de travail et des horaires déplorables, qui pourraient se retrouver sans rien.

Certains employeurs font même grise mine. Car la procédure et les délais sont les mêmes pour ceux qui embauchent, ou font appel aux agences d'intérim, même les agences spécialisées sur le pôle de Roissy : aucun badge provisoire ne peut plus être délivré, comme cela se faisait dans le passé.

Aucun ? Pas tout à fait : nous avons appris qu'une exception avait été faite pour des salariés qui s'étaient mis en grève dans un secteur stratégique de l'aéroport, et que des badges provisoires avaient été distribués.

Comme quoi des tracasseries administratives peuvent s'effacer devant des salariés en colère...En attendant, sous couvert de sécurité, on complique la vie de milliers de salariés et on en profite pour en licencier des centaines sans bruit.

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