Etats-unis : La société Carlyle, un pilier de "la guerre de l'amérique contre le terrorisme"08/02/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/02/une1750.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Etats-unis : La société Carlyle, un pilier de "la guerre de l'amérique contre le terrorisme"

(Article publié dans le bi-mensuel trotskyte américain The Spark du 21 janvier 2002.)

Le 14 décembre, la compagnie d'investissement Carlyle empochait 237 millions de dollars (275 millions d'euros) en un seul jour en vendant des actions d'une société de fournitures d'armement dont elle est propriétaire, United Defense Industry. Ce n'était pas une surprise : la veille, le Congrès avait voté une autorisation de dépense pour la défense nationale incluant une commande de 480 Crusaders pour un montant de 487 millions de dollars (566 millions d'euros). Le Crusader est un canon lourd à haute technicité produit par cette même United Defense Industry.

Qu'y avait-t-il derrière un tel coup de chance ? Un porte-parole de Carlyle déclara que sa compagnie n'avait pas fait de " lobbying " pour le Crusader. Quel besoin d'embaucher des lobbyistes pour influencer le Congrès, lorsque le président de Carlyle est Franck Carlucci, ex-ministre de la Défense et ami proche de l'homme qui occupe ce poste en ce moment, Donald Rumsfeld ? Ou lorsque George Bush, ancien président et père de l'actuel président, touche des rémunérations de cette compagnie ?

En fait, la direction de Carlyle ressemble tout-à-fait à un club d'anciennes sommités de la politique et des affaires militaires. Elle inclut, entre autres, le Premier ministre britannique, John Major, le précédent chef de l'état-major inter-armes des USA, John Shalikashvili, l'ancien président de la SEC (équivalent à Wall Street de la COB pour la Bourse de Paris), et le secrétaire d'Etat de Bush père, James Baker. En fait, le président actuel fut directeur d'une filiale de Carlyle de 1990 à 1994.

La spécialité de Carlyle est de racheter les fournisseurs d'armement en difficulté, puis de les revendre après avoir obtenu de grosses commandes de l'Etat pour eux. Son taux de profit pour les dix dernières années a été de 34 % et Carlyle a investi 12,5 millions de dollars (14,5 millions d'euros).

Quels investisseurs ont engrangé ces profits ? Quiconque a une fortune suffisante pour se lancer dans de tels investissements, dont, en particulier, une certaine très riche famille d'Arabie Saoudite - les Ben Laden. Jusqu'en octobre dernier, en tout cas. C'est à ce moment-là que Carlyle s'est débarrassé des actions de la famille Ben Laden. " Nous ne l'avons pas fait parce l'on pouvait penser qu'ils avaient fait quelque chose de mal, a déclaré un dirigeant de Carlyle, nous n'avons pas fait cela en nous délectant ou en jubilant. Nous pensions, et eux aussi, que cette participation financière attirait plus l'attention que nécessaire. "

Après tout, Carlyle, lui aussi, sautait en marche dans le train des profiteurs de " la guerre contre le terrorisme " d'après le 11 septembre. Et il est difficile d'apparaître " patriotique " en fréquentant la famille de l'homme que Bush a désigné comme l'ennemi numéro un.

Cette " guerre de l'Amérique contre le terrorisme " continue - et les affaires semblent toujours aussi bonnes pour les grands leaders patriotes du groupe Carlyle.

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