La mère de Maxime Gorki, Edition Le Temps des Cerises, 354 pages, 120 francs.

Ce roman de Gorki se situe dans la Russie tsariste, au lendemain de l'échec de la révolution ouvrière de 1905 et alors que la répression s'abattait sur les militants. Pourtant, ce n'est pas le découragement et le recul ouvrier qu'il décrit, mais au contraire la façon dont les idées socialistes continuèrent de vivre et d'entraîner de nouvelles générations, de jeunes et aussi de moins jeunes, à militer pour préparer les combats futurs.

La mère, personnage central du roman, est celle de Pavlov, jeune ouvrier de l'une de ces énormes usines métallurgiques qui exploitaient dans des conditions épouvantables le prolétariat russe. Après la mort de son père, ouvrier lui aussi, entré en contact avec les milieux des étudiants socialistes, il rompt avec l'alcoolisme paternel, s'éduque, découvre le marxisme et devient un militant révolutionnaire. Et la première qu'il entraîne dans sa prise de conscience est celle qui lui est la plus proche et la plus liée, sa mère. Le livre suit pas à pas la progression chez elle du sentiment de révolte et, une fois dépassée la peur, de la nécessité de lutter contre l'oppression. Au fil des pages, cette femme soumise, écrasée par l'autorité d'un mari tyrannique et tout-puissant, vivant dans la crainte et l'obscurantisme, se transforme, partageant peu à peu les idées que lui explique son fils. Peu à peu, les discussions entre les jeunes socialistes qui se retrouvent chez elle emportent son adhésion. Malgré sa peur, pour son fils, pour ses camarades, pour elle- même, elle se joint à leurs actions, bravant à son tour la police, la répression, la prison.

Ainsi, le roman de Gorki n'est pas seulement une évocation de la Russie tsariste, de l'exploitation capitaliste, des débats qui agitaient alors les milieux ouvriers et intellectuels gagnés aux idées socialistes et des conditions dans lesquelles ils agissaient. Il est aussi, à travers le personnage de la mère du jeune ouvrier et de son évolution, comme à travers la description des relations entre les jeunes, un plaidoyer en faveur de l'émancipation des femmes grâce à l'activité révolutionnaire.

Un livre qui n'avait pas été réédité depuis très longtemps et dont la lecture reste toujours enthousiasmante.