Logement : La situation continue à se dégrader pour les classes populaires04/01/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/01/une-1745.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Logement : La situation continue à se dégrader pour les classes populaires

Des SDF sont morts de froid, ces derniers jours, faute d'avoir un toit, à Nice, à Nancy et dans le Val-d'Oise. Des familles ne peuvent se loger correctement et s'entassent parfois dans des taudis, loués souvent cher. La construction de logements sociaux est insuffisante et diminue régulièrement : 80 000 en 1994, 49 900 en 1998, 43 500 en 2000 sur un total de 300 000 logements neufs. Et c'est à une hausse de 2 % du loyer que les millions de locataires de logements HLM doivent probablement s'attendre pour l'année 2002. Il devient donc de plus en plus difficile pour les familles populaires de se loger décemment.

Le gouvernement prétend s'atteler au problème, en particulier avec les mesures prévues par la loi relative à la lutte contre les exclusions de 1998. La secrétaire d'Etat au Logement, Marie-Noëlle Lienemann, a parlé "d'éradiquer l'habitat indigne", de "faire vivre le droit au logement pour tous".

Elle prétend, en s'appuyant sur cette même loi, réquisitionner les logements vacants sous certaines conditions. Elle avait affirmé pouvoir loger près de 900 familles avant l'hiver. Finalement, alors que l'hiver est bien là, ses services annoncent qu'ils parviendront au plus à reloger "quelques dizaines de cas.".

C'est bien peu, par rapport aux promesses. C'est dérisoire, quand on compare les centaines de milliers de sans-logis ou de mal-logés au nombre de logements vacants. Près de 2 millions de logements sont inoccupés dans ce pays, dont 410 000 en Ile-de-France. Certes, sur ce total, certains sont insalubres, d'autres vacants entre deux locations ou avant une vente. Mais, la plupart du temps, les propriétaires privés ou les investisseurs ne se précipitent pas pour louer leurs appartements, surtout à des familles à faibles ressources, alors que la crise du logement peut leur faire espérer de confortables profits. La "taxe d'inhabitation", 10 % de la valeur du loyer, est d'autant moins dissuasive que beaucoup réussissent à l'éviter puisque, sur les 2 millions de logements vacants, seuls moins de 150 000 y sont assujettis.

Cette loi de 1998 est bien peu contraignante. La réquisition ne concerne que les investisseurs institutionnels (banques, assurances) dont les logements sont soumis à la "taxe d'inhabitation" depuis dix-huit mois, c'est-à-dire s'ils sont vacants depuis au moins trois ans et demi, ensuite, il suffit aux propriétaires de déclarer qu'ils ont l'intention de louer, ou de faire rénover, pour qu'on ne touche pas à leurs biens immobiliers. Dans la région parisienne, où le parc immobilier des banques et assurances est important, seuls quelques dizaines d'appartements ont été répertoriés comme réquisitionnables.

C'est dire combien cette loi prétendûment contre l'exclusion est inefficace.

Partager