L'euro ne supprime pas les contradictions des États capitalistes européens04/01/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/01/une-1745.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

L'euro ne supprime pas les contradictions des États capitalistes européens

Ce n'est nullement en fonction de l'intérêt des peuples européens qu'a été instituée la monnaie unique. La plupart du commerce extérieur des pays impérialistes européens s'effectuant en Europe même, l'existence de monnaies nationales, dont la valeur réciproque variait sans cesse, constituait une entrave au commerce intra-européen. Soumis à la spéculation monétaire, le prix d'un produit vendu dans un autre pays européen et donc sa rentabilité échappaient dans une large mesure au capitaliste producteur. C'est pour mettre fin à cette incertitude que la monnaie unique a pris corps. Après toutefois plus de 40 années de tractations.

Il s'agissait d'essayer de concurrencer le dollar en faisant de l'euro une monnaie de paiement international, ainsi qu'une monnaie de réserve pour les banques centrales. La baisse de près de 25 % de l'euro face au dollar depuis le 1er janvier 1999 a déjà montré les difficultés que rencontre cette ambition.

La naissance de l'euro est certes un pas en avant dans la construction de l'Europe, mais d'une Europe des capitalistes qui laisse entières les rivalités entre ces derniers. Elle ne signifie pas pour autant la naissance d'une "économie européenne" au sens où existe une économie américaine. Tout d'abord, la zone euro ne concerne que douze des quinze pays de l'Union européenne et un des trois principaux impérialismes européens, la Grande-Bretagne, est restée pour l'instant à l'écart de l'euro.

D'autre part, contrairement aux Etats-Unis où la politique budgétaire est définie par l'Etat fédéral, les gouvernements en Europe ont conservé la maîtrise de leur politique budgétaire car chaque Etat européen tient à pouvoir, en toute indépendance, aider ses propres capitalistes.

Jusqu'à présent, les déficits budgétaires qui résultent de ces aides sont encadrés par des "pactes de stabilité" (Maastricht, Amsterdam) car, bien sûr, aucun Etat ne veut financer les déficits des autres Etats. Mais il n'est pas dit qu'avec la récession entamée, certains gouvernements nationaux ne cherchent pas à financer encore davantage leurs capitalistes nationaux en creusant ainsi leur déficit budgétaire.

L'euro, sur le plan économique, comme l'Union européenne et ses institutions, sur le plan politique, n'ont pas mis fin aux rivalités entre les bourgeoisies et leurs Etats.

La naissance d'une véritable Europe unifiée économiquement et politiquement ne peut être que le fruit de la classe qui a les mêmes intérêts de part et d'autre des frontières : le prolétariat.

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