Le chômage augmente : Cela n'empêche pas Jospin de plastronner04/01/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/01/une-1745.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Le chômage augmente : Cela n'empêche pas Jospin de plastronner

Le 20 décembre, à la Mutualité, à Paris, Jospin s'était félicité que, "sans les emplois-jeunes et sans les 35 heures, nous n'aurions pas réduit de plus de 900 000 le nombre de chômeurs en quatre ans et demi". Et il concluait que, malgré une conjoncture "moins favorable, nous devons reprendre notre marche en avant dans la réduction du chômage".

Dans le même temps, les chiffres du chômage publiés par le ministère de l'Emploi fin décembre - officiels donc - faisaient apparaître une franche marche en avant du nombre de chômeurs. La progression mensuelle du nombre de demandeurs d'emploi, qui était d'un peu plus de 10 000 en août et septembre, est passée à 27 000 en octobre et à 33 000 en novembre, soit plus de mille chômeurs supplémentaires par jour.

Depuis quelques mois nombre d'entreprises, notamment parmi les plus grandes comme l'industrie automobile, ont renvoyé une partie des intérimaires qui constituent un volant permanent de milliers de travailleurs. Et surtout les licenciements économiques, qui ont progressé de plus de 43 % sur un an et de 15,6 % rien qu'entre octobre et novembre, font sentir leurs effets dans les ANPE.

Encore ces chiffres ne tiennent-ils compte que des plans de licenciements collectifs, concernant au moins dix salariés, et effectués par des entreprises employant au moins cinquante personnes. Or, quand Moulinex ou Dim suppriment des emplois, cela se répercute sur bien des travailleurs employés dans de petites entreprises sous-traitantes et dans des commerces ; c'est que 80 % des licenciements dits économiques s'opèrent hors plans sociaux.

Quoi qu'il en soit, rien qu'avec l'avalanche des plans sociaux déjà annoncés (pour la plupart avant le 11 septembre d'ailleurs), le chômage ne peut que s'amplifier dans les mois à venir. C'est au bas mot 15 000 emplois dont la suppression est programmée par de grands groupes tels que Danone-LU, Marks et Spencer, Moulinex, Highwave-Optical, AOM-Air Liberté, Delphi, Valéo, Magnetti-Marelli, Bosch, Club Méditerranée, Philips, Dim, Bata, Alcatel ou encore par exemple EADS et BAE-Systems dans l'aéronautique.

C'est dire qu'un grand nombre de régions vont connaître des fermetures de sites et s'enfoncer dans des situations de plus en plus dégradées. Fabius, du haut de son ministère de l'Economie et des Finances, a convenu qu'il fallait s'attendre à "un hiver économiquement difficile". Comme en termes aseptisés ces choses-là sont dites par un membre du gouvernement qui, non seulement laisse le patronat agir à sa guise, mais le couvre de subventions et autres allégements en veux-tu en voilà !

Oui, l'hiver sera difficile pour ce magasinier de chez Bata, père de deux enfants, interviewé dans Le Parisien, qui va se retrouver à la porte avec une prime de 55 000 F pour vingt ans de travail, ou pour les femmes qui se sont échinées toute leur vie chez Moulinex, pour se voir jetées à la rue avec des indemnisations de misère, mais pas pour leurs patrons qui iront investir leurs millions ailleurs sans avoir rien perdu. Sans compter que, comme à chaque fois, la perspective de "nouvelles réductions de coûts", selon la formule favorite des capitalistes pour parler des coupes claires qu'ils font dans le personnel, fait grimper le cours des actions. Par exemple il a suffi que Schweitzer, le PDG de Renault, évoque fin décembre "une restructuration drastique de son réseau de distribution d'ici à 2004" pour que l'action du groupe gagne près de 4 % à la Bourse.

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