Il y a dix ans (décembre 1991) : L'union soviétique disparaissait04/01/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/01/une-1745.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

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Il y a dix ans (décembre 1991) : L'union soviétique disparaissait

L'Union des Républiques Socialistes Soviétiques (URSS) a cessé d'exister dans les tout derniers jours de décembre 1991.

Le premier Etat ouvrier de l'Histoire

Née de la première et la seule révolution prolétarienne victorieuse, celle d'Octobre 1917, l'URSS fut formellement fondée en 1922, après la victoire de l'Etat ouvrier dans la guerre civile contre les Blancs et l'intervention armée impérialiste. Elle se constitua par l'association de l'immense majorité des peuples de l'ex-empire tsariste, qui choisirent de rejoindre un Etat des soviets qui avait pourtant proclamé leur droit à l'autodétermination, et donc à se séparer.

Soixante-dix ans plus tard, après bien des reculs, à commencer par la dépossession de la classe ouvrière de son pouvoir par la bureaucratie, cette caste de privilégiés appuyée sur la dictature de Staline et de ses successeurs, l'URSS, en dépit de cela et des ravages de la Seconde Guerre mondiale, avait développé une économie puissante sur une base collectivisée et planifiée. Elle cessa d'exister officiellement le 25 décembre 1991.

Ce jour-là, Gorbatchev avait été contraint d'abandonner son poste de président d'un pays éclaté.

"Le complot des bureaucrates"

L'avant-dernier épisode de cette lutte pour le pouvoir - devenue une lutte contre le pouvoir central - au sommet de la bureaucratie s'était déroulé le 8 décembre 1991 à Biélovej, en Biélorussie. Là, Eltsine, Kravtchouk et Chouchkévitch, les bureaucrates en chef des principales républiques soviétiques (Russie, Ukraine et Biélorussie), s'entendirent pour décréter qu'à cette date l'URSS cessait d'exister "en tant que sujet de droit international".

Ce que, dix ans plus tard, l'hebdomadaire russe Vlast' qualifie de "complot des bureaucrates" mettait devant le fait accompli 280 millions de Soviétiques (dont 76 % avaient approuvé par référendum le maintien de l'Union six mois plus tôt), mais aussi certains dirigeants des autres républiques. Ceux des pays Baltes n'avaient certes pas attendu pour proclamer leur indépendance mais d'autres, en Asie centrale notamment, furent si désorientés qu'ils mirent des semaines avant d'avaliser ce coup de force.

La dissolution de l'URSS, dans laquelle ils s'étaient taillé des fiefs opposés au "centre" en s'appuyant sur la soif d'enrichissement des bureaucrates et des petits bourgeois, fournit le moyen à ses compères de se débarrasser de Gorbatchev qui, incarnant ce centre, faisait obstacle à leurs ambitions.

Des lendemains qui ne pouvaient que déchanter

La plupart des commentateurs d'alors, par haine avouée ou non de ce que représentait l'URSS du fait de son origine révolutionnaire prolétarienne, décrivaient sa fin comme une victoire de la "démocratie". Ils disaient y voir l'expression d'une volonté d'indépendance des peuples soviétiques qui ouvrirait les portes à un avenir radieux. Ils présentaient Eltsine et consorts en hérauts de temps nouveaux parce que ces anciens stalino-brejnéviens ne juraient plus que par la "démocratie", le "marché" ou le "droit des peuples", masquant, bien mal, leur soif de pouvoir et celle, débridée, d'enrichissement individuel de leurs soutiens dans le pays : bureaucrates de moindre rang, parvenus, gangsters et autres "nouveaux riches".

Aujourd'hui, ces laudateurs sont moins prolixes. En fait de marché, l'économie des Etats issus de l'URSS est en ruines, soumise au pillage, tandis que l'immense majorité de la population, dépouillée de tout, vit bien plus mal qu'avant. En lieu et place du "droit des peuples" et de "démocratie", on a un nationalisme exacerbé, des populations dressées les unes contre les autres par des régimes autoritaires ayant à leur tête des dirigeants de la nomenklatura du régime précédent, pour certains estampillés par sa police politique (Poutine en Russie, Chevarnadze en Géorgie, Aliev en Azerbaïdjan).

Cela, n'importe quel correspondant de presse occidental peut le constater, pour peu qu'il daigne s'éloigner du centre de Moscou où scintillent les commerces de luxe pour les parvenus. La situation est pire dans les ex-républiques soviétiques du Caucase et d'Asie livrées aux pillards, aux bandes armées du pouvoir et des narco-trafiquants (pour autant qu'on puisse les distinguer), aux guerres entre cliques rivalisant pour le contrôle de divers trafics avec, chapeautant le tout, des gangsters-dictateurs qui accumulent Mercedes et palais sur place, et plus encore à l'Ouest. Car, après avoir déjà tout raflé, ils trouvent encore le moyen de faire les poches à une population qu'ils ont jetée dans le dénuement, comme en Arménie où elle doit survivre avec un revenu officiel moyen de dix dollars par mois !

Pour la population de l'ex-Union Soviétique, la promesse d'une "ère nouvelle" s'est traduite, et il ne pouvait pas en aller autrement, par un effroyable recul dans tous les domaines.

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