Israël, Palestine colonies juives : Histoire d'une spoliation24/12/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/12/une-1744.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans le monde

Israël, Palestine colonies juives : Histoire d'une spoliation

Sous le protectorat britannique

Jusqu'en 1918, la Palestine faisait partie de l'Empire ottoman (turc). Après la guerre de 1914-1918, elle passa sous domination britannique, par "mandat" de la Société des Nations, jusqu'en 1948.

Apparu à la fin du 19e siècle en Europe, le mouvement sioniste se donnait pour but de créer un "Etat juif" et prétendait regrouper les Juifs en Palestine, leur pays d'origine... vingt siècles auparavant. En 1914, il y avait 80 000 Juifs, pour un demi-million d'Arabes.

Durant l'entre-deux-guerres, la misère, les persécutions ainsi que l'idéal sioniste provoquèrent un afflux massif d'immigrants juifs en Palestine, favorisé par la bienveillance momentannée des autorités britanniques à cette époque. Par l'intermédiaire d'organisations sionistes comme le Fonds National Juif, des terres furent achetées aux chefs féodaux et grands propriétaires fonciers arabes, de façon à y installer des établissements agricoles juifs. Le rachat signifiait systématiquement l'expulsion des paysans arabes, remplacés par des colons juifs. Ainsi, des dizaines de milliers de paysans se retrouvèrent sans travail, d'autant plus que les fermes juives refusaient d'employer des ouvriers agricoles arabes, le sionisme prescrivant la libération morale du peuple juif par le "travail juif".

L'arrivée de plus en plus massive des Juifs provoqua des affrontements avec la population arabe. L'impérialisme britannique essaya de diviser pour régner, limitant parfois l'immigration juive et brisant militairement une insurrection arabe en 1936.

Après-guerre, l'afflux massif des rescapés du génocide dû aux nazis exacerba le conflit. L'impérialisme britannique, ne parvenant plus à contrôler la situation, chercha à se désengager du guêpier.

En 1947, la Palestine comptait 600 000 Juifs pour 1 200 000 Arabes. Des groupes armés sionistes, comme Irgoun et Stern, menaient la lutte armée (et terroriste !) contre l'armée britannique... et contre les populations arabes.

1947 : le plan de partage, jamais appliqué, de l'ONU

Sous l'égide des Etats-Unis, l'ONU décida le partage de la Palestine en deux Etats, l'un juif, l'autre arabe. La Palestine était charcutée en deux pays, l'un et l'autre invivables. Ils étaient divisés chacun en trois parties, séparées entre elles par des couloirs communs aux deux Etats. Mais ce plan resta un chiffon de papier, car la guerre en décida autrement.

Jusqu'à la proclamation de l'État d'Israël, en mai 1948, les organisations juives se préparèrent à la guerre et des groupes terroristes commirent des massacres, notamment celui des villageois de Der Yassin où, en avril 1948, l'Irgoun massacra 254 Arabes, dont plus de 130 femmes et enfants. Menahem Begin, responsable de la tuerie (et futur chef de gouvernement israélien), écrivit plus tard : "Les Arabes à travers le pays furent pris d'une panique illimitée et commencèrent à fuir leurs villages". C'était le but recherché.

Le 15 mai 1948 :indépendance d'Israël etexode des Palestiniens.

Le 15 mai 1948, les dirigeants sionistes proclamèrent l'indépendance de l'État d'Israël. Le même jour, un massacre de 200 Arabes avait lieu près de Haïfa. La guerre qui s'ensuivit aussitôt (déclenchée par sept pays arabes contre le nouvel État) dura jusqu'au début de 1949. Elle fut marquée par la fuite ou le départ forcé de 650 000 Palestiniens. Après l'armistice de fin des combats, 50 000 Arabes furent encore expulsés. De la mi-1948 à la fin 1949, 384 villages arabes furent rasés par les Israéliens.

Les quatre cinquièmes de l'ancienne Palestine étaient alors occupés par l'armée israélienne et intégrés à son État.

Ce qui restait de Palestine arabe ne devint pas indépendante, mais fut annexée par les pays arabes voisins : la Cisjordanie fut officiellement absorbée par la Jordanie en avril 1950. Pour leur part, les Egyptiens occupaient la zone de Gaza.

1967 : Israël étendses conquêtes

En 1967, la guerre des Six Jours permit à Israël d'étendre ses conquêtes. Elle occupa Gaza, le Sinaï, la Cisjordanie, la partie arabe de Jérusalem et le Golan syrien.

Israël rendit le Sinaï en 1978, après les accords de Camp David, entre l'Israélien Begin et l'Egyptien Sadate. Le Golan n'a toujours pas été rendu. Enfin, en 1993, 27 ans plus tard, Israël concédait des territoires en Cisjordanie et à Gaza pour la création de "l'Autorité palestinienne", en réponse à "l'Intifida", la révolte des pierres contre laquelle la répression de l'armée israélienne est restée impuissante.

Seulement, entre-temps, Israël a procédé officiellement à l'annexion de la partie arabe de Jérusalem, partie qui fut ensuite étendue à une très large zone de banlieue constituée de nouvelles colonies juives.

Car, dans la Cisjordanie occupée militairement, les Israéliens, au mépris de tout droit des peuples à être maîtres de leur pays, ont commencé à implanter des colonies de peuplement, exacerbant la colère des Palestiniens. Pour la désamorcer, ils ont entamé des négociations où les dirigeants palestiniens ont été lanternés durant des années... et pendant ce temps les colonies se multipliaient.

1993 : création del'Autorité palestiniennemais l'implantationdes colonies continue

La Cisjordanie (grande comme un département français !) est aujourd'hui divisée en trois zones. La première, représentant 19 %, est sous l'autorité palestinienne. La seconde (21 %) est sous contrôle mixte, Israël restant responsable de la sécurité. La troisième zone (66 %) est sous contrôle exclusif israélien.

Et la situation est encore pire dans la bande de Gaza (moins d'un dixième de la surface d'un département français) surpeuplée, où s'enchevêtrent colonies juives et zone dévolue à l'Autorité palestinienne.

Le nombre de colonies juives ne cesse d'augmenter (25 nouvelles colonies depuis mars 2001). Le fait que cela soit un gouvernement de droite n'y change rien. Commencée sous des gouvernements travaillistes, cette colonisation n'a jamais cessé de s'étendre. Par exemple, le nombre de colons dans les Territoires a augmenté de 45 % sous le gouvernement des travaillistes Rabin-Pérès.

On estime aujourd'hui à près de quatre millions les réfugiés palestiniens, vivant dans plus d'une soixantaine de camps, à l'intérieur de la Palestine et surtout dans les pays arabes limitrophes. Dans les camps, surtout ceux qui sont sous contrôle israélien règnent une misère extrême, le chômage, la misère, la faim, les contrôles incessants et les tracasseries administratives de toutes sortes, et aujourd'hui la guerre contre tout un peuple.

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