Cogénération : Des électrons en or24/12/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/12/une-1744.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Cogénération : Des électrons en or

La cogénération est à la mode dans les milieux économiques et journalistiques qui se veulent "progressistes".

De quoi s'agit-il ?

D'un procédé technique très simple. Dans une centrale thermique, la chaleur (qu'elle provienne du charbon, du pétrole, du gaz ou du nucléaire) fournit de la vapeur d'eau, dont la très forte pression actionne des turbines, lesquelles en tournant très vite fabriquent de l'électricité. Mais il reste, après passage dans les turbines, de la vapeur d'eau résiduelle encore très chaude. Pourquoi ne pas utiliser cette dernière pour le chauffage des immeubles, hôpitaux, ensembles administratifs, etc. ?

En fait, l'idée a germé il y a longtemps, dès l'apparition des centrales thermiques, et les techniques se sont améliorées progressivement. Mais cela nécessite d'avoir des centrales électriques dans les villes, car on ne peut évidemment transporter la vapeur ou l'eau chaude sur de longues distances, sinon elle arriverait tiède ou froide. Les pays qui ont des centrales électriques en milieux urbains (l'Allemagne par exemple) ont développé la cogénération.

En France, on le sait, les trois quarts du courant proviennent du nucléaire. Or, pour des raisons de sécurité, les centrales atomiques ne sont jamais à proximité des villes. Donc pas de cogénération possible. Par conséquent la France est "en retard", selon le discours de certains économistes, sur la cogénération.

Et pour le quart restant, il s'agit surtout de l'hydroélectricité, laquelle, ne produisant pas de vapeur, n'est pas concernée.

Mais la question n'est pas seulement technique. La cogénération, c'est une niche où se sont installés divers petits (ou gros) producteurs indépendants d'électricité (car en France EDF n'a jamais eu le monopole de la production d'électricité, seulement celui du transport, lequel est en train de disparaître).

Ces producteurs ont construit des petites centrales électriques, fonctionnant au gaz naturel, pas très cher et relativement peu polluant (mais un peu quand même). Ces centrales sont dans les agglomérations. Il y en a dans Paris. Elles alimentent un ensemble hospitalier par exemple (mais attention, rien à voir avec les groupes électrogènes de secours), à qui elles fournissent électricté et chauffage.

Cependant le courant que fournissent ces petites unités est bien plus coûteux que celui d'EDF. Comment être rentable dans ces conditions ? Eh bien, comme toujours grâce à l'aide de l'Etat.

Celui-ci impose à EDF, dont le réseau est évidemment connecté aux petites centrales en question, de racheter leur courant électrique en surplus. En échange, les centrales de cogénération peuvent dans certains cas servir d'appoint à EDF, en cas de demande subite et importante.

Mais EDF paye ce service - ou prétendu tel - à un prix exorbitant, ce qui permet aux patrons de ces centrales de cogénération de faire des profits considérables, et à EDF d'y perdre un milliard d'euros, qu'elle entend faire payer aux consommateurs. Et comme c'est "rentable" grâce à cet artifice, la cogénération se développe de plus en plus.

Et le bouquet, c'est que les défenseurs de la "cogénération" (au nom du modernisme) sont aussi de fieffés partisans du libéralisme... qui imposent à EDF de subventionner des patrons concurrents et peu performants, lesquels ne pourraient pas exister autrement.

Mais pour eux, ce qui compte, ce ne sont pas tant les échanges thermiques que la circulation de l'argent, dans un seul sens, et en courant continu.

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