Non à la croisade de Bush et de Sharon07/12/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/12/une-1742.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Tribune de la minorité

Non à la croisade de Bush et de Sharon

Après les morts de Jérusalem et de Haïfa, Israël envoie ses hélicoptères, ses missiles, ses chars contre les villes palestiniennes où ils feront des victimes tout aussi innocentes dans la population.

Aussi insoutenables et injustifiés que soient les attentats qui viennent d'ensanglanter une nouvelle fois Israël, ils ne peuvent faire oublier que depuis un peu plus d'un an, plus de 1 000 morts dont 800 Palestiniens, sont tombés victimes les uns comme les autres d'une politique choisie par les actuels dirigeants israéliens, Sharon en tête. Cette politique, c'est celle de la colonisation, de la volonté de cantonner les Palestiniens sur des territoires de plus en plus restreints, d'annexer Jérusalem, et d'empêcher par tous les moyens la constitution d'un véritable Etat palestinien.

Comment la population palestinienne chassée d'une grande partie de ses terres déjà depuis la création de l'Etat d'Israël en 1947, peut-elle accepter de vivre dans la situation misérable à laquelle les dirigeants israéliens veulent la condamner ? Ces dernières années les Territoires palestiniens ont été peu à peu réduits par des nouvelles implantations israéliennes pendant que s'entassent sur les parties les plus déshéritées du pays toujours davantage de Palestiniens et que dans les pays limitrophes les camps de réfugiés des précédentes guerres se perpétuent dans des conditions tout autant misérables.

La provocation de Sharon sur l'Esplanade des Mosquées il y a un peu plus d'un an, qui a déclenché la nouvelle "Intifada", s'est traduite par un bouclage des territoires sous autorité palestinienne, fermant la possibilité aux ouvriers palestiniens de travailler en Israël et condamnant au chômage une nouvelle et importante fraction de la population. L'armée israélienne empêche de passer d'un territoire à un autre sans de multiples détours et paralyse de ce fait la déjà faible économie palestinienne. Sans terre à cultiver, sans travail, sans eau, sans hygiène, sur des territoires de plus en plus exigus, victimes des raids et vexations de l'armée israélienne, comment toute la population ne serait-elle pas poussée à la révolte ? Peut-on vraiment s'étonner que les circonstances actuelles fabriquent parmi sa jeunesse de plus en plus de "kamikazes" ?

Alors que G. Bush et les dirigeants des grandes puissances européennes, dont ceux de la France, somment Yasser Arafat et "l'Autorité palestinienne" d'arrêter les terroristes palestiniens, ils ne font rien pour arrêter le terrorisme de Sharon et de l'armée israélienne qui a pourtant fait quatre fois plus de victimes palestiniennes. Ils ont fait mine après les attentats de New York et de Washington d'appuyer la constitution d'un Etat palestinien, le temps d'essayer de neutraliser l'opinion des peuples arabes et d'entraîner leurs gouvernements à soutenir leur intervention en Afghanistan. Mais une fois l'Afghanistan bombardé, les dirigeants impérialistes appuient ouvertement Sharon. Celui-ci se voit ainsi récompensé dans son obstination à utiliser la "croisade de Bush" pour continuer sa politique de conquête, en assimilant Arafat et Ben Laden.

Un nouveau pas dans la guerre est franchi. Les Palestiniens en seront les premières victimes et les Israéliens n'en seront pas davantage en sécurité. Sharon et ses alliés démoliront un peu plus, ou même peut-être beaucoup plus "l'Autorité palestinienne", ce semblant d'Etat qu'ils auraient voulu davantage un outil de répression contre le peuple palestinien. Ils favoriseront, davantage qu'ils ne l'ont déjà fait, les mouvements réactionnaires et religieux terroristes. Ils le savent, mais cela leur donnera d'autant plus de prétextes pour accentuer les opérations militaires.

Nul ne saurait prédire avec une telle logique, qu'après l'Afghanistan et la Palestine, la guerre ne s'étendra pas à de nouveaux pays. Si les dirigeants politiques qui prétendent parler en notre nom sont prêts à marcher et nous faire marcher pour cette politique criminelle, il faut d'urgence leur faire entendre que nous ne l'accepterons pas.

Editorial des bulletins d'entreprise l'Etincelle du lundi 3 décembre 2001

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