Danemark : La poussée à droite et la responsabilité de la social-démocratie07/12/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/12/une-1742.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans le monde

Danemark : La poussée à droite et la responsabilité de la social-démocratie

Les élections législatives qui ont eu lieu le 20 novembre au Danemark se sont traduites par une importante progression de la droite et de l'extrême droite.

Le Parti Social-Démocrate qui dirigeait le gouvernement depuis 1993 passe de 35,9 % des voix à 29,1 %. Et, pour la première fois depuis 1924, il n'est plus le premier parti du pays. De son côté le parti de droite des Libéraux progresse, passant de 7,3 % à 31,3 %, et son dirigeant Anders Fogh Rasmussen va prendre les rênes gouvernementales.

Cette poussée se double d'une progression de l'extrême droite qui, dans son ensemble, augmente ses voix de 2,8 %. Son principal représentant, le Parti Populaire Danois atteint 12 % des voix. La campagne électorale a été dominée par des thèmes nationalistes et xénophobes. Le futur Premier ministre a ainsi proposé la création d'un ministère des Étrangers, qui aurait pour but, entre autres, de réduire le nombre de mariages d'immigrés avec des ressortissants de leur pays d'origine, et donc de limiter le regroupement familial. Le Parti Populaire Danois propose, de son côté, de renvoyer les travailleurs immigrés chez eux.

Mais le Premier ministre social-démocrate ne s'est pas démarqué. Il a proposé, pour sa part, d'interdire la pratique du culte musulman sur les lieux de travail afin, disait-il, de préserver la "morale danoise du travail" !

La montée des idées xénophobes dans ce petit pays de 5,5 millions d'habitants et qui ne compte pas plus d'immigrés que bien d'autres pays d'Europe (environ 7 % de la population totale) est liée, avant tout, à la dégradation de la situation économique. La social-démocratie, depuis neuf ans qu'elle était au pouvoir, porte une lourde responsabilité. Elle a oeuvré pour liquider les "acquis" de la période précédente qui assuraient à la classe ouvrière un niveau de vie un peu supérieur à ce qu'il était dans bien d'autres pays. Cela a évidemment contribué à discréditer, en même temps que la social-démocratie au gouvernement, les idées de gauche en général.

Il faut dire aussi, malheureusement, que bien des militants syndicaux comme d'extrême gauche (réunis pour l'essentiel dans la coalition électorale "Liste d'Unité" qui a recueilli 2,4 % des voix, en recul de 0,3 %) n'ont rien fait pour proposer aux travailleurs la perspective d'un combat de classe contre la bourgeoisie danoise et les politiciens à son service. Depuis plus de dix ans, une grande partie de leur activité a été consacrée au combat "anti-européen". Ils ont, en particulier, présenté le fait que le Danemark ait, à plusieurs reprises, refusé par référendum d'abandonner sa monnaie nationale au profit de l'euro... comme une grande victoire pour les couches populaires. Il n'en était évidemment rien. D'autant que ces thèmes étaient aussi ceux des forces chauvines et réactionnaires. Et ce sont ces idées-là qui ont aidé aujourd'hui au succès de ces mêmes forces, les plus à droite de l'échiquier politique.

Partager