Voir : "Chaos" un film de Coline Serreau19/10/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/10/une-1735.gif.445x577_q85_box-0%2C11%2C166%2C227_crop_detail.jpg

Divers

Voir : "Chaos" un film de Coline Serreau

Ce sont des mondes en effet bien chaotiques que nous décrit Coline Serreau. Aussi bien le monde d'incompréhension et de mépris dans lequel vivent Hélène et Paul Vidal (Catherine Frot et Vincent Lindon), un couple de petits bourgeois qui ne communiquent plus depuis longtemps, que celui, abominable, de la prostitution, dans lequel est enfermée Malika (Rachida Brakni).

Mais quand ces deux mondes se rencontrent, par hasard, au milieu d'une rue dans laquelle Malika s'est fait violemment agresser, démarre une aventure inattendue, et une amitié improbable, qui va lier la jeune prostituée et la mère de famille méprisée et délaissée.

A travers Malika, à laquelle elle va se consacrer totalement, Hélène découvre la condition de nombreuses jeunes filles maghrébines, confrontées à la domination de leurs frères, de leur père, de leur mari imposé. Elle fait connaissance avec l'extrême violence des mafias qui contrôlent et exploitent les jeunes filles prostituées. Et elle décide d'assister jusqu'au bout cette jeune femme qui a en tête un plan bien précis pour arracher sa jeune soeur au carcan familial, et pour se venger de ceux qui ont exploité son corps.

Dans ce film féministe, Coline Serreau n'a pas abandonné pour autant le style comédie de Trois hommes et un couffin ou de La Crise : même si de nombreuses scènes sont émouvantes, le public rie aussi aux éclats, surtout aux dépends de Paul, le mari d'Hélène, PDG phallocrate et égocentrique, ou de leur fils, Fabrice, emberlificoté dans des problèmes qu'on appellerait de coeur si le coeur se trouvait juste en dessous de la ceinture. Quant à la lutte d'Hélène, au début seule face aux proxénètes venus des pays de l'Est... c'est une vraie bande dessinée...

Le film n'hésite pas à forcer le trait. Aussi bien la famille Vidal, dont les deux hommes, le père et le fils, semblent définitivement dépourvus de tout sentiment humain, que la famille de Malika, dont le père vend ses jeunes filles à de vieux barbons pour des mariages arrangés, appartiennent au monde de la caricature. Mais c'est pour mieux auréoler la révolte conjointe des femmes, Hélène et Malika - ainsi que Mamie, la mère d'Hélène, qui va participer au sauvetage - leur amitié, leur victoire contre la méchanceté et l'étroitesse humaine.

Coline Serreau veut que l'émotion, l'affection, les sentiments humains prennent le dessus, quand le conformisme social, l'enfermement, l'égoïsme sont si souvent triomphants. Et elle met du coeur à l'ouvrage.

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