Afghanistan : Les manifestations de protestation19/10/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/10/une-1735.gif.445x577_q85_box-0%2C11%2C166%2C227_crop_detail.jpg

Dans le monde

Afghanistan : Les manifestations de protestation

Depuis le début des bombardements en Afghanistan des manifestations de protestation ont eu lieu aux quatre coins du monde. Elles ont été particulièrement violentes dans les pays pauvres où existe une forte proportion de musulmans.

Il y en a eu bien sûr dans les pays proches de l'Afghanistan - Pakistan, pays du Golfe, Inde - mais également dans des pays du Sud-Est asiatique comme l'Indonésie, la Malaisie et les Philippines, et dans des pays africains comme le Nigeria et l'Afrique du Sud.

Dans tous ces pays, ce sont les courants intégristes qui ont pris l'initiative et se sont du même coup parés d'une auréole anti-impérialiste alors que leurs objectifs politiques sont tout autres. Ainsi, à Kano, la plus grande ville du nord du Nigeria, ces manifestations ont servi de prétexte à une nouvelle vague de pogromes visant les habitants appartenant aux ethnies du sud du pays, accusés d'être complices de Bush parce qu'en majorité chrétiens. Ces pogromes auraient fait 200 morts, qui viennent s'ajouter au millier de victimes dans des pogromes similaires depuis un an. Derrière l'agitation intégriste, qui est déjà parvenue à imposer la loi coranique dans plusieurs des États formant la fédération qu'est le Nigeria, se cache la tentative de politiciens visant à utiliser la religion pour unifier les ethnies du nord contre celles du sud.

Le cas du Nigeria n'est d'ailleurs pas isolé. On assiste à un phénomène similaire, bien que moins sanglant pour le moment, en Indonésie, où des groupes séparatistes cherchent à créer une identité nationale par le biais de l'Islam à des territoires entiers du pays pour en exiger la séparation.

Au Pakistan, ce sont les nombreuses organisations intégristes du pays qui ont le monopole de la protestation contre les bombardements, en particulier le JUI, le parti qui a formé l'essentiel des cadres des Taliban dans ses écoles coraniques. Car en dehors des partis intégristes et du MQM, un parti d'extrême droite basé dans la région de Karachi, la quasi-totalité des partis politiques se sont en effet alignés derrière la politique de Musharraf. Du coup, les travailleurs, les pauvres, tous ceux qui voudraient exprimer leur colère devant le spectacle odieux qu'offre le plus riche pays du monde en écrasant sous ses bombes l'un des plus pauvres, ne peuvent le faire qu'en allant manifester derrière des partis qui sont leurs pires ennemis.

D'ailleurs on l'a bien vu lors des deux grèves générales appelées depuis le début des bombardements par une coalition de 35 partis religieux. La grève a été surtout suivie par les commerçants et petits patrons. Mais dans une ville comme Karachi, des usines ont été attaquées par des bandes en armes, détruisant les machines et tabassant les ouvriers présents, des cliniques ont été fermées de force et des ambulances incendiées par ces mêmes bandes.

C'est aussi cela le drame des masses pauvres de ces pays. La pauvreté, la corruption des classes privilégiées, la démagogie des politiciens se sont alliées aux manoeuvres de l'impérialisme pour produire des forces politiques qui imposent leur dictature sanglante aux pauvres, même lorsqu'elles ne sont pas au pouvoir.

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