Nestlé Beauvais (Oise) : La direction veut encore supprimer 168 emplois12/10/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/10/une-1734.gif.445x577_q85_box-0%2C11%2C166%2C227_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Nestlé Beauvais (Oise) : La direction veut encore supprimer 168 emplois

Vendredi 5 octobre, à l'occasion d'un Comité central d'entreprise, Nestlé a annoncé son intention de supprimer 168 emplois dans sa filiale Nestlé Grand Froid (NGF) sur le site de Beauvais, où sont fabriqués les surgelés Maggi (ex-Findus) et les glaces Gervais.

Cette entreprise est l'une des principales de Beauvais, où elle s'est implantée en 1971. Elle a compté jusqu'à 2 500 salariés dans les années 1980. A travers les départs dits naturels et non remplacés (retraites, démissions, mais aussi licenciements individuels par dizaines certaines années), et à travers deux plans de licenciements en 1992 et 1994, les effectifs ont fondu jusqu'à 1 051 salariés aujourd'hui. Et la production, loin de diminuer, a même légèrement augmenté !

Et maintenant le trust Nestlé, qui a réalisé dans le monde un profit de 25 milliards de francs en 2000, en hausse de 22 % sur l'année précédente, veut encore nous pressurer un peu plus en supprimant d'un coup 168 emplois supplémentaires !

Nestlé justifie sa décision par une série d'arguments aussi fallacieux les uns que les autres.

On nous explique que le marché stagne depuis des années, que les marques de distributeurs prennent des parts de marché sur Nestlé, que l'année 2001 a été mauvaise à cause de la météo. Mais, qu'il pleuve ou qu'il vente, que Nestlé vende plus ou moins de glaces et de surgelés, tout cela n'affecte visiblement pas les profits de cette entreprise. Alors, pourquoi faudrait-il que cela touche nos emplois ?

Pour tenter de nous rassurer, Nestlé explique qu'il n'y aura pas de licenciements secs, qu'il compte sur 140 préretraites à 55 ans et sur des départs volontaires pour le reste. Mais cela reste 168 emplois en moins, 168 jeunes qui n'auront pas de travail, et des cadences accrues pour ceux qui resteront ! Et rien ne garantit qu'il ne s'agit pas là d'une première étape. Nestlé, la main sur le coeur, assure le contraire. Le directeur de l'usine Surgelés prétend même vouloir "mener une intense activité d'innovations pour assurer la pérennité du site de Beauvais". Mais cela fait trois ans qu'ils nous bassinent avec leurs prétendues innovations, et on n'a rien vu venir !

La réalité, c'est que Nestlé estime que l'usine de Beauvais est l'une des moins rentables d'Europe. Ses cadres dirigeants chargés des basses oeuvres citent en exemples ses unités espagnoles, qui seraient selon eux deux fois plus performantes. Mais Vilvorde était l'usine la plus moderne de Renault, et c'est celle-ci qui a été rayée de la carte !

Les chiffres qu'ils avouent montrent d'ailleurs clairement que l'avidité des actionnaires de Nestlé est la seule cause de ce plan de licenciements. En effet Nestlé Grand Froid a réalisé en 1998 un bénéfice de 107 millions de francs, et déclare 20 millions de francs de pertes en 2000, et 27 en 2001 : il lui reste donc 49 millions de francs sur ses seuls bénéfices de 1999, de quoi assurer la paye de 170 ouvriers pendant deux ans ! Mieux encore : l'expert-comptable du CCE a relevé qu'en 2001 NGF d'un côté annonce 27 millions de déficit, et de l'autre distribue 55 millions de francs de dividendes aux actionnaires : ils piquent dans la caisse, creusent le trou, et demandent aux salariés de le combler.

Cette annonce de 168 suppressions d'emplois a fait l'effet d'une douche froide sur bon nombre de travailleurs de l'usine de Beauvais. Même si les "préretraitables" comptent déjà les jours, beaucoup sont inquiets. Il se manifeste aussi un sentiment de colère et d'injustice. Il faudrait qu'il grandisse, et qu'un nombre important de travailleurs de NGF tiennent à faire payer leur infamie aux patrons et aux actionnaires de Nestlé.

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