Lire : "Meurtre pour Mémoire", de Didier Daeninckx12/10/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/10/une-1734.gif.445x577_q85_box-0%2C11%2C166%2C227_crop_detail.jpg

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Lire : "Meurtre pour Mémoire", de Didier Daeninckx

Parmi les livres relatifs à la manifestation et à la répression des Algériens à Paris, ce 17 octobre 1961, on peut signaler le roman de Didier Daeninckx, Meurtres pour mémoire, publié en collection de poche. C'est un roman policier, sans doute, qui se lit très facilement, mais qui dénonce de façon directe la violence de la répression.

Dans La bataille de Paris (éditions du Seuil), Jean-Luc Einaudi mène une enquête minutieuse, d'historien, sur cette journée. Il démonte les mensonges des autorités de la police, et au premier chef de Maurice Papon, consistant à dire que les policiers n'ont fait que répondre aux violences des manifestants.

Le livre de Paulette Péju, Ratonnades à Paris, publié pour la première fois en novembre 1961 et immédiatement saisi par la police, puis réédité récemment (en même temps que, du même auteur, Les Harkis à Paris, collection La Découverte), constitue pour l'essentiel une revue de presse de l'époque.

Lire: "La guerre des Gusses" de Georges M. Mattei, Editions de l'Aube, 197 pages, 59 francs.

Ce roman, en partie autobiographique, retrace quelques épisodes de la guerre d'Algérie, vécus par des rappelés français et par des militants algériens du FLN.

En août 1955, le gouvernement décida de faire appel à 60 000 réservistes, et les jeunes du contingent furent rappelés pour aller combattre en Algérie. Le roman de Mattei se situe à cette époque. Les "gusses", c'est-à-dire le héros Nonosse, comme beaucoup d'autres rappelés, tentèrent de refuser de partir pour l'Algérie. Nonosse espérait que le Parti Communiste ne les laisserait pas tomber, qu'il les aiderait à résister, que les syndicats empêcheraient les trains de circuler et les bateaux de quitter les ports. Mais ils se retrouvèrent seuls face aux CRS qui les firent monter de force dans les trains et les contraignirent au départ.

Dans le livre, Nonosse, se sentant trahi, déchire sa carte du Parti et celle du syndicat. A l'époque en effet, le PCF se contenta d'un silence complice du gouvernement, et coupa court à toute possibilité réelle de résistance efficace de la part des jeunes.

Ceux-ci, dès leur arrivée en Algérie, furent pris en main par les gradés. "Ils vous ont fait gueuler "Paix en Algérie". Ici, vous allez changer d'avis. La paix en Algérie telle qu'ils la crient, c'est la capitulation devant la barbarie, devant le racisme, devant le fanatisme religieux", leur déclara le colonel, en guise de discours d'accueil. La revendication d'indépendance pour l'Algérie était considérée comme un crime ; ceux qui la défendaient comme devant être écrasés. Et les jeunes rappelés découvrirent vite l'horreur de cette guerre, dans laquelle les militaires pouvaient torturer impunément et se comporter comme de véritables nazis. Nonosse décida alors de déserter "pour ne pas devenir dingue" et s'engagea dans les rangs du FLN.

Georges M. Mattei poursuit son récit par l'histoire des nouveaux compagnons de lutte de Nonosse : Mehdi "Bougies", Myriam, Omar Z'yeux bleus et tous ceux, parmi la population algérienne, qui finirent par s'engager eux aussi aux côtés du FLN, poussés par la répression féroce de l'armée française. En cours de route, ils échangèrent leurs doutes quant aux moyens utilisés par les dirigeants du FLN, qui préparaient surtout leur propre arrivée au pouvoir, comme l'explique Mehdi, non sans amertume.

L'auteur, mort en décembre 2000, a été lui-même un militant anticolonialiste, qui a participé aux réseaux d'aide au FLN. Il livre ici un témoignage poignant sur la guerre d'Algérie et sur les sentiments des rappelés, en épinglant au passage non seulement la politique du gouvernement français mais aussi celle des dirigeants du PCF et du FLN.

La guerre des Gusses de Georges M. Mattei, Editions de l'Aube, 197 pages, 59 francs.

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