Les 35 heures dans les hôpitaux publics : Exigeons l'embauche massive et immédiate !12/10/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/10/une-1734.gif.445x577_q85_box-0%2C11%2C166%2C227_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Les 35 heures dans les hôpitaux publics : Exigeons l'embauche massive et immédiate !

Dans les hôpitaux, les étapes programmées par Guigou et Kouchner ne s'enchaînent vraiment pas comme prévu. Bien que leur protocole national sur le passage aux 35 heures ait été signé par quatre syndicats, principalement la CFDT, les négociations locales pour sa mise en application ne sont pas encore sur les rails. En région parisienne, plusieurs hôpitaux se sont mis en grève et le ton monte dans les manifestations.

A Paris, la manifestation régionale de jeudi 11 octobre a été préparée activement, tant par la CGT que par Sud, FO et même la CFTC et l'UNSA-Santé d'Ile-de-France. Déjà, le vendredi 5 octobre, une douzaine d'hôpitaux étaient représentés à un rassemblement d'un millier de manifestants devant la direction de l'Assistance Publique, dans une ambiance un peu plus combative que les jeudis 20 et 27 septembre.

Quant aux hôpitaux en grève, cela a commencé par Henri-Mondor à Créteil il y a un mois, puis à la Pitié-Salpêtrière, venus en nombre aux manifestations. Au lendemain du jeudi 27, Beaujon à Clichy puis Saint-Antoine s'y sont mis. Il n'y a guère de baisse d'activités mais ceux qui se déclarent grévistes se retrouvent pour des assemblées générales ou des actions collectives.

LA GRÈVE À BEAUJON

A l'hôpital Beaujon, à Clichy, nous étions une soixantaine au rassemblement du vendredi 5 octobre devant l'avenue Victoria, siège de la direction de l'Assistance Publique.

Le lundi 8, en assemblée générale, 96 personnes ont reconduit la grève jusqu'au vendredi 12, et 9 se sont abstenues. Les syndicats CGT, FO et Sud dirigent le mouvement. Leur langage diffère un peu, mais leur commune hostilité au projet Guigou et leur adhésion à la grève font que cela passe inaperçu. Le piquet de grève mobilise toujours quelques dizaines de personnes des services. Contrairement à ce qui se passait en 1988, il ne se tient que de jour jusqu'à 15 h.

En plus de régler les problèmes de réquisitions, il a programmé diverses interventions : délégation chez Noiré, le directeur, qui est en même temps le responsable national du projet des 35 heures, délégation à Bichat, l'hôpital le plus proche, pour le faire basculer dans le mouvement, etc.

Dans plusieurs services, le personnel a défini un service minimum (pas de toilettes ni de réfection des lits pour les malades valides, menu unique, etc.) dont il informe les malades, les visites et l'administration. Il a écrit aux médecins pour qu'ils fassent baisser l'activité, au moins les jours de manifestation. Il prépare des banderoles pour le jeudi 11.

Les médecins sont rétifs à diminuer les examens ou les opérations programmés. Mais l'administration craint qu'ils cèdent à notre pression : elle leur a signifié par courrier que ce n'est pas à eux de définir ce qui est urgent ou non, sous peine de poursuites judiciaires !

Et surtout l'idée qu'il faut réclamer l'embauche massive et immédiate progresse dans les discussions, dans les services et l'assemblée générale.

À LA PITIÉ-SALPÊTRIÈRE

Le mouvement de protestation ne faiblit pas à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière. Depuis trois semaines, la grève reconductible a été votée à l'unanimité des assemblées générales. Celles-ci sont quotidiennes, réunissant chaque fois 130 à 150 personnes environ. Elles sont animées par de jeunes syndiqués convaincus que les 35 heures sauce Guigou sont impossibles dans la situation actuelle, étant donné le sous-effectif.

Le jeudi 4 octobre, les grévistes se sont rendus à 200 au ministère. Le lendemain, un cortège identique quittait l'hôpital pour aller au siège de l'AP où se tenait un CTE central. Par ailleurs ils se sont invités à une réunion de cadres, où le directeur a expliqué qu'il trouvait anormal que le personnel commence à 7 heures du matin alors que les opérations ne se font jamais avant 10 heures. Tout le monde a compris qu'il cherche à appliquer les horaires flexibles. Il a bien entendu récolté des huées d'indignation. Invité par les syndicats CGT, FO et Sud à l'AG du lundi, il a maintenu son ton offensif en déclarant qu'il avait chargé les cadres de pointer les grévistes, qu'il était hors de question de demander aux médecins une réduction de l'activité et a menacé les grévistes de retenue sur salaire. Il n'a tenu que des propos qui ont provoqué chez les grévistes une bruyante opposition.

L'assemblée reste en attente d'une perspective que les syndicats se gardent d'offrir. Les responsables syndicaux cherchent à expliquer le mauvais contenu du protocole. Mais personne dans l'assemblée générale n'en discute car la plupart pensent que l'embauche dans toutes les catégories est la vraie solution.

... À SAINT-ANTOINE

A l'hôpital Saint-Antoine, la consultation organisée par les syndicats a décidé la grève à 95 % des 900 votants. A l'assemblée du jeudi 4 octobre, 150 personnes ont décidé de mettre en place un piquet de grève dès le lundi 8. Une délégation d'une trentaine de personnes est allée au rassemblement devant la direction de l'AP, le vendredi 5.

Lundi 8 octobre, au piquet de grève, se sont retrouvés les grévistes de l'équipe d'Hygiène (le ménage) du réfectoire et de quelques services. Il faut dire que les cadres ont essayé de saboter la grève en affirmant aux personnels que le préavis de FO ne partait que le 9 octobre et que celles et ceux qui se déclaraient grévistes étaient dans l'illégalité, ce qui a refroidi des collègues des services où il manque déjà du monde.

Une quarantaine de grévistes sont allés à la direction de l'hôpital pour repréciser les choses, et notamment que la grève avait été annoncée depuis le 5 et que la CGT avait déposé un préavis depuis le 28 septembre !

Lundi 8 octobre à midi, les médecins ont trouvé leur salle de garde fermée et ont dû aller manger au réfectoire du personnel, où les agents en grève servaient les repas gratuitement : ce qui a été apprécié ! Le piquet de grève a programmé la confection de banderoles, de chansons et a organisé la tournée dans des services pour préparer la journée du jeudi 11 octobre.

QUELLE PERSPECTIVE ?

Le fait que la plupart des syndicats marchent ensemble pour rejeter le protocole -hormis la CFDT qui persiste à le vanter- rassure et encourage les mécontents. Cependant les dirigeants syndicaux tiennent des langages différents et aucun mot d'ordre ne ressort vraiment. La CGT veut des négociations pour un meilleur protocole. FO réclame le maintien du décret de 1982 comme si cela avait jamais été un garde-fou suffisant contre la flexibilité. Sud milite pour une montée nationale à Paris... Il n'y a pourtant ni texte, ni procédure, ni type d'action qui pourrait être la panacée.

La revendication qui pourrait mobiliser tous les hospitaliers est pourtant simple : c'est l'embauche massive et immédiate. Massive, car c'est au moins 10 % d'effectifs en plus qu'il faudrait pour compenser le passage aux 35 heures, et bien plus pour combler les manques actuels et les départs en retraite à venir. Immédiate, pour amener des bras supplémentaires, même non qualifiés, dans les services, la formation pouvant être assurée ensuite.

Même si beaucoup de travailleurs en mouvement attendent surtout ce qui vient des responsables syndicaux, "l'embauche massive et immédiate" leur paraît légitime et certains commencent à l'exprimer.

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