La guerre de Bush, Blair, Chirac, jospin n'est pas notre guerre12/10/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/10/une-1734.gif.445x577_q85_box-0%2C11%2C166%2C227_crop_detail.jpg

Editorial

La guerre de Bush, Blair, Chirac, jospin n'est pas notre guerre

Le président américain George Bush, de connivence avec Tony Blair, Premier ministre socialiste d'Angleterre, et avec l'assentiment complice des dirigeants politiques français, a donc décidé le bombardement des principales villes d'Afghan istan. Ce serait, prétendent-ils, en riposte aux attentats de New York et de Washington. Comme si l'on pouvait effacer l'horreur des massacres de civils américains, qui n'étaient en rien responsables de la politique de leurs dirigeants, par d'autres massacres de civils, afghans cette fois, qui eux non plus ne sont pour rien dans les attentats terroristes, ni même dans l'aide que le régime des taliban accorde à Ben Laden.

Il ne faudrait pas oublier, d'ailleurs, que ces taliban et ce Ben Laden, que les grandes puissances montrent aujourd'hui du doigt, ont été portés au pouvoir avec l'aide des dirigeants américains. Et en parfaite connaissance de cause, sans ignorer qu'ils seraient des geôliers et des bourreaux du peuple afghan, des femmes afghanes, mais aussi de tous ceux qui, dans ce pays, osaient refuser de s'incliner devant l'obscurantisme.

On nous dit que les frappes américano-anglaises seront ciblées, "chirurgicales". On a pu voir ce que ce terme recouvrait lors de la guerre du Golfe, contre l'Irak : une population civile victime des armes des grandes puissances, de coûteux engins sophistiqués permettant de bombarder à des milliers de mètres d'altitude ou de lancer des missiles à partir de bases situées à des milliers de kilomètres de leur cible. Et si ce n'est pas exactement la cible, on appelle cela les "risques collatéraux".

On sait aussi le résultat de ces bombardements en Irak : le dictateur Saddam Hussein est tou jours en place, son armée aussi. Mais des centaines de mil liers d'enfants, de femmes et d'hommes sont morts sous les bombes, sans même parler de tous ceux morts par la suite, victimes du blocus imposé par les grandes puissances.

Avant même les frappes américano-britanniques, la population afghane était déjà victime des menaces américaines. Des cohortes d'enfants, de femmes, de vieillards ont dû fuir la menace des bombardements et tenter de rejoindre les centaines de milliers de leurs compatriotes, dans des camps où ils s'entassent depuis des années, fuyant la misère et la famine qui règnent chez eux, sans que les grandes puissances s'en soient jusqu'à présent souciées.

En même temps qu'il envoie des bombes, Bush a le cynisme de parachuter quelques tonnes de vivres, qui permettront peut-être à quelques-uns de survivre, quelques jours, quelques semaines. Et Chirac qui ose promettre, pour après les bombardements, de "tout faire (...) pour le développement de l'Afghanistan" !

Les dirigeants impérialistes prétendent défendre la liberté et la démocratie, alors qu'ils s'appuient aujourd'hui sur des chefs de bande rivaux des taliban, qui ne sont pas plus démocrates ni respectueux des libertés que ces derniers.

Ils prétendent, par leur intervention, agir pour éradiquer le terrorisme. C'est le contraire ! Avec leurs bombardements, les dirigeants des pays impérialistes ne font qu'aggraver la coupure entre les pays dits riches - ces pays où l'on trouve des milliardaires aussi riches, voire bien plus riches qu'un Ben Laden et bien plus puissants que lui - et les pays où la misère la plus profonde est le lot de la majorité de la population. Rappelons-nous que la France est un des premiers marchands d'armes.

Non, la guerre dans laquelle veulent nous engager les Bush, Blair, Jospin et Chirac n'est pas notre guerre. Elle est dirigée contre les peuples. Contre le peuple d'Afghanistan, d'Irak, de Palestine et, plus généralement, contre tous les peuples des pays pauvres qu'on maintient dans la misère et l'oppression. Mais les travailleurs d'ici en subiront eux aussi les effets, ne serait-ce qu'à cause de l'accroissement de l'insécurité.

Il faut refuser d'emboîter le pas aux Bush, Blair, Chirac, Jospin et autres va-t-en-guerre qui, en bombardant, ne feront que creuser un peu plus le fossé de sang entre peuples !

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