Jarrie Isère : Un personnel de nettoyage vendu au plus offrant12/10/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/10/une-1734.gif.445x577_q85_box-0%2C11%2C166%2C227_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Jarrie Isère : Un personnel de nettoyage vendu au plus offrant

La société de nettoyage ISS Abilis dépend de la multinationale danoise ISS, qui emploie environ 265 000 salariés dans le monde. Dans la région grenobloise, elle dispose de nombreux chantiers. Or, elle vient d'en perdre une dizaine et, comme par hasard, ce sont les chantiers qui ont été touchés par une grève de quatre semaines en avril dernier.

Les travailleurs se retrouvent donc brusquement, une nouvelle fois, dispersés entre plusieurs entreprises de nettoyage. Un bon noyau pense qu'attribuer les chantiers détenus par Abilis à d'autres entreprises est un moyen de briser l'unité et la solidarité tissées entre eux lors de la grève d'avril. Celle-ci avait regroupé plusieurs dizaines de travailleurs de sites différents dépendant tous d'Abilis. Ils avaient obtenu quatre jours de carence, au lieu de onze, pour les indemnités maladie, une prime annuelle de 1 800 F et une prime de transport (voir LO n° 1714 du 4 mai 2001).

Par exemple, la direction d'AtoFina a décidé de ne pas renouveler le contrat Abilis et lui a préféré l'entreprise l'"Activité". Celle-ci aurait monnayé ses services moins cher. Les travailleurs du nettoyage en poste à Ato vont donc changer de patron, puisque l'"Activité" est tenue d'employer l'ancien personnel d'Abilis. Mais à quel prix ? Ils s'en sont inquiétés dans un tract syndical distribué aux travailleurs du site chimique de Champ-sur-Drac (Ato et Cézus, filiale de Framatome).

En effet, une des conséquences de ce changement de contrat pourrait être d'abord un nettoyage des locaux moins bien fait. Actuellement, le lavage des sols des bureaux est effectué en général une fois par semaine seulement. Quant à la faïence des douches, elle n'est nettoyée qu'une fois par mois ! Faudra-t-il faire ce travail encore moins souvent, au détriment des conditions d'hygiène des salariés d'AtoFina ?

Une autre conséquence pourrait être la remise en cause des acquis du personnel de nettoyage. Ainsi, par exemple, l'entreprise de nettoyage "Grenoble entretien", qui a obtenu le contrat avec Enichem à la place d'Abilis, n'a indemnisé une femme en congé maladie qu'à partir du onzième jour. De plus, personne ne sait si la prime de 1 800 F acquise par la grève sera payée comme prévu en novembre ou pas. Quant aux travailleurs sur le site de Thomson Moirans, la nouvelle société "Panauille", autre grand groupe du nettoyage, n'a, elle, pas payé les heures supplémentaires faites le samedi et le dimanche.

On voit bien que les acquis de la grève et les conditions de travail comme les salaires sont menacés. Les personnels de nettoyage en ont assez d'être "soldés aux margoulins les plus offrants", comme l'affirme le tract distribué. Ils demandent l'embauche du personnel de sous-traitance par AtoFina, estimant que cela "n'égratignerait qu'à peine" les superprofits de la multinationale TotalFinaElf.

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