Afghanistan : Non à l'intervention impérialiste !12/10/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/10/une-1734.gif.445x577_q85_box-0%2C11%2C166%2C227_crop_detail.jpg

Dans le monde

Afghanistan : Non à l'intervention impérialiste !

Dimanche 7 octobre, les forces américaines et britanniques ont commencé leurs bombardements sur l'Afghanistan. Plusieurs villes importantes en ont été les cibles, notamment Kaboul, Kandahar, Jalalabad et Hérat. Plusieurs vagues de bombardements ont déjà eu lieu, de nuit mais aussi de jour. Et tout indique dans les déclarations des dirigeants américains que cette vague de bombardements pourrait se prolonger.

On retrouve le vocabulaire rodé pendant la guerre du Golfe, censé atténuer, en paroles, les conséquences de ces actes : on ne parle pas de bombardements mais de "frappes" ; des frappes qu'on n'ose plus nous dire "chirurgicales", après les centaines de milliers de morts irakiens de la guerre du Golfe, mais la situation reste sensiblement la même, puisqu'officiellement on prétend n'atteindre que des cibles strictement militaires.

Les dirigeants américains veulent que leur opinion publique reste favorable à l'intervention. C'est pourquoi c'est "silence radio" sur les horreurs de la guerre, qu'on nous expliquera peut-être des mois après la fin des opérations, comme après la guerre du Golfe.

Mais, images de la guerre ou pas, il n'est pas besoin d'être grand clerc pour comprendre qu'en bombardant les villes on ne peut que toucher d'une façon ou d'une autre des populations civiles, sur le plan matériel et humain.

Et cela pourrait empirer. Bush ne cesse de répéter que les bombardements vont se prolonger, qu'il faut se préparer à une action militaire de longue durée. Dans la journée de mardi 9 octobre, il n'était déjà plus seulement question de s'en prendre aux "terroristes" du réseau Ben Laden et au régime des taliban. Certains généraux américains parlaient de s'en prendre également à d'autres Etats voisins et notamment à l'Irak.

Ces "fuites" sur un possible élargissement de la guerre vers un pays déjà soumis depuis la fin de la guerre du Golfe à un blocus odieux et à des bombardements répétés, qui auraient déjà tués 1,5 million de personnes, indiquent que la prétendue "éradication du terrorisme" n'est finalement qu'un prétexte de plus pour les grandes puissances impérialistes qui veulent se saisir de l'occasion pour réaffirmer qu'elles sont les maîtresses du monde.

Si cette option d'un élargissement du conflit l'emportait, la guerre qui vient de commencer en Afghanistan pourrait déboucher sur une déstabilisation de toute la région. Mais même si le conflit reste limité à l'Afghanistan, il entraînera un pourrissement supplémentaire de la situation de ce pays déjà épuisé par vingt-trois années de guerre contre la Russie et par la guerre civile, qui ont transformé des millions d'hommes et de femmes de paysans paisibles en réfugiés déracinés et affamés.

Car c'est bien ce qui s'est produit lors de toutes les interventions militaires impérialistes. Au Moyen-Orient, en Afrique, en Europe même avec le Kosovo, celles-ci ne règlent pas les conflits, elles les enveniment. Cherchant un appui sur place, elles le trouvent en armant des factions militaires, parfois de simples chefs de clans, plus réactionnaires les uns que les autres, contribuant à instaurer ou à renforcer des régimes dictatoriaux qui rançonnent la population et lui font subir leurs exactions. C'est d'ailleurs déjà ce qui se produit en Afghanistan, et qui a abouti à l'installation de la dictature des taliban ; une dictature payée par toute la population afghane, et en premier lieu par les femmes, et un terrible recul de leurs conditions d'existence.

L'actuelle intervention impérialiste signifie déjà de terribles souffrances pour la population afghane, qui déjà en a tant connues depuis vingt ans. Mais de plus, si elle se solde par l'effondrement du régime des taliban, ce sera sans doute pour la remplacer par la dictature d'autres islamistes - ceux de l'actuelle "Alliance du Nord" - qui ne vaudra pas mieux, voire par la poursuite de la guerre civile entre les diverses factions dans le pays. C'est-à-dire que ce sera une situation où les masses pauvres d'Afghanistan continueront de payer, encore et toujours, les conséquences des intrigues des puissances impérialistes. Sans même que cela puisse mettre fin au terrorisme que cette intervention est censée combattre, et qui n'est qu'un sous-produit de cette situation dramatique où le système impérialiste continue d'enfoncer une grande partie de la planète.

Alors les travailleurs conscients, ici, et ailleurs, doivent s'opposer de toutes leurs forces à cette nouvelle intervention militaire impérialiste et dénoncer tous les politiciens va-t-en-guerre qui donnent de la voix pour que la participation de l'impérialisme français dans cette nouvelle aventure soit la plus importante possible.

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